Lecoindesmots- 30/11/2020

L’amour au temps du confinement

Emma et Augustin se rencontrent à la boulangerie, parmi les effluves de viennoiseries et de pains tout juste sortis du four. Ils se voient, se regarde et ont envie de plus. Alors, ils se revoient et c’est une porte vers une nouvelle aventure qui s’entrouvre pour ces deux-là. Dans le monde d’avant, Emma et Augustin auraient eu le temps de construire quelque chose. Ils se seraient donnés rendez-vous dans une brasserie ou un restaurant, auraient échangé sur leurs vies respectives et exprimé quelques banalités, ici et là. Mais ça, c’était dans le monde d’avant. Parce que voilà, Augustin et Emma se rencontre quelques jours seulement avant le confinement de mars 2019. Alors, dans le monde actuel, Emma et Augustin continuent de se rencontrer, virtuellement. La séduction se fait par écran interposés. Emma est fébrile. Elle, qui a tant souffert, le bonheur serait-il à portée de main ? Mais d’abord, il y a l’attente, insoutenable. Et avec l’attente, l’espoir que le confinement prendra fin rapidement, très rapidement. D’un plume à la fois envoûtante et poétique, Flavie Flament nous parle de l’attente et de ce besoin fondamental de contact humain que ressent tout un chacun. Elle parle des sentiments qui se lient et se délient, au gré des jours, au gré du temps et du confinement. « L’étreinte », ça parle d’un amour naissant, sans contact physique, sans possibilité de se toucher. Ça parle d’espoir de jours meilleurs et d’un amour à construire. Mais à trop espérer, à trop attendre, ne risque-t-on pas d’idéaliser la relation ? De fantasmer l’autre ? Et lorsqu’enfin on se rentrouve, la magie n’est-elle pas déjà brisée, finalement ? C’est un roman dont les mots ont su me toucher, dont la douceur m’a enveloppée. Si de premier abord le sujet peut paraître vu et revu (l’attente, l’amour, tout ça, tout ça, quoi !), Flavie Flament aborde avec grâce les notions d’attente, d’espoir et d’amour dans la relation et développe avec tendresse le manque de l’autre et de contact. Flavie Flament nous parle de l’amour au temps du confinement, et j’ai trouvé ça très beau.