Azalili- 19/05/2021

« Moderato Cantabile » de Marguerite Duras.

Un amour qu’on effleure du bout des doigts , au bord des lèvres … sans réellement le toucher. Voilà comment on pourrait résumé cette œuvre de la romancière, Marguerite Duras. Les années 60, dans une ville portuaire de province. Anne Desbarèdes, jeune bourgeoise a pour seule activité extérieure celle d’accompagner son fils au cours de piano et de se promener avec lui. Enfant doué mais rebelle, il ne veut pas apprendre davantage le piano (avec sa sévère prof), malgré ses prédispositions . En sortant du cours, ils sont alertés par des cris provenant d’un café de quartier : une femme en sang étendu de tout son long… Avec un homme, éventuellement son amant, allongé à ses côtés pleurant la défunte. Police, interrogations, amenant badauds et habitués de l’endroit . Anne rencontre Chauvin un ouvrier de l’industrie portuaire avec qui elle se met à parlementer du drame, analyse sur la victime et le présumé coupable… Autour de verres de vin les langues se délient : Ils se retrouvent jour après jour, autour de cette affaire dans ce café… De regards furtifs, aux gestes restreints… Malgré une attirance qui se dessine entre eux… A peine une centaine de pages pour « Moderato Cantabile », qui a eu une adaptation cinématographique avec Jeanne Moreau et Jean-Paul Belmondo dans les années 60. Une bourgeoise qui s’ennuie, un ouvrier qui s’ennuie sûrement aussi dans sa vie s’ouvrant l’un à l’autre à travers « de brèves de comptoir  » autour d’un meurtre… L’écrit de Duras s’emballe finement sur une histoire qui pourrait être d’un ennui total. Bien non, elle réussi à nous emporter sur cette aventure entre ces deux personnes que tout oppose … Une tragédie qui va les relier l’espace d’un instant « comme une bulle de champagne », dans leurs vies…