Sebastien N- 09/11/2023

Un bol d’air frais

On a tous des petites voix internes qui nous parlent. Elles sont plus ou moins fortes en fonction des situations ( et de nos pathologies 🙂 ) mais il n'est pas question de folie lorsqu'on les entends. Qu'on les chasse d'un coup de menton ou qu'on se concentre pour être sur de bien les comprendre, c'est forcément qu'une partie de nous remonte à la surface. Pour nous prévenir, nous rappeler, nous conforter ou nous culpabiliser. Parfois même pour nous pousser a faire quelque chose de complètement con. Comme si l'on avait besoin de se bruler pour se sentir vraiment vivre. Ca peut être pénible hein, et si elles prennent la forme de personnes comme dans "Je suis leur silence", on est en droit de se demander si elle ne prennent pas trop de place… C'est à Barcelone que l'on découvre Eva ( et ses voix donc ) en train plonger dans un imbroglio familiale inattendu. On la suit à la rencontre d'une sympathique famille de vignerons franquistes, toujours bien ancré dans une certaine idée de la société et des relations sociales… moderne donc. Ca dénote fortement avec notre jeune héroïne qui est censée représenter toutes les facettes de la femme contemporaine ; libre, intelligente et totalement insoumise au patriarcat ambiant. C'est plutôt bien écrit, bien ficelé et toujours très rythmé. Même si j'ai trouvé que c'était parfois un peu stéréotypé sur quelques traits d'Eva, on rigole bien et on se laisse prendre rapidement dans l'intrigue de ce polar qui n'en est pas vraiment un. Jordi Lafebre se fait plaisir et ca dégouline de bons sentiments qui ne peuvent que nous laisser souriant. Reste ces voix et ce qu'on décide d'en faire. Car il n'est pas possible de vivre toujours en les ignorant ou en refusant cette forme de sixième sens qu'elles représentent. Pas sur qu'elles nous dictent toujours un conseil avisé, mais il est bon de s'écouter un peu plutôt que de systématiquement chasser ses ressentis.