Sebastien N- 09/11/2024

Toujours aussi bien

Ça part dans tous les sens. Les gens parlent en même temps. Ils s’écoutent un peu, parfois. Réagissent. Sur-réagissent même. Il y a des petits, des grands, des gros, des maigres, des vieux, des jeunes. Ceux de la campagne et ceux de la ville. Toutes couleurs, toutes origines. Un joyeux bordel. C’est ça qu’on aime tant dans Les Vieux Fourneaux. Ça s’envenime pour un rien. Pour une vieille histoire, de moto, de baiser, de pommier. Ça ressort de partout. Des nouvelles têtes arrivent et nous dévoilent un peu du passé, mais servent aussi beaucoup d’excuse à nos trois compères. Pour taper sur l’ordre établi. Pour dénoncer les carcans sociaux. Pour démontrer, page après page, que la question de l’âge importe peu dans l’action quotidienne, pour ne pas dire le combat. Et ils ne lachent rien. Jamais. Par conviction ou juste par amour des gens. Car l'excès permet ca aussi. D'hurler les choses à ceux qu'on aime. De nouveau, on est plongé au milieu du bruit, du brouhaha des gens qui composent ce petit village. À l’inverse de la lente vieillesse. Celle de nos vieux est rapide, brute, éclatante de vie. On rit à chaque page. On s’étonne encore de l’ingéniosité simple de Lupano. Des bons mots qu’il distille. Des caractères toujours plus poussés qu’il développe. Et les dessins tellement expressifs de Paul Cauuet nous immergent dans tout ça, si bien qu’on dévore les pages sans s’en rendre compte, et que c’est un grand vide quand ça se termine. Même quand ça ne va pas, le bordel tout autour de nous et l’intrusion de la vie des autres est une source de sérénité. Faut que ça bouge, que ça crie, que ça rigole, que ça chante, que ça s’engueule pour se sentir un peu vivre. Nos trois papis en sont les symboles. Jusqu’au bout. À lire d’urgence, dans la musique et le bruit, comme tous les autres. Un vrai bonheur.