Ça devient difficile de ne pas connaître le travail de Wilfrid Lupano, Un océan d'amour, Traquemage, Les vieux fourneaux, Communardes !... Mais cessons la consécration du mâle blanc et penchons nous sur le sujet.
Blanc autour, nous parle de l'ouverture de la première école pour jeunes femmes noires aux États-Unis dans les années 1830, dans le Connecticut plus précisément. On est aux lendemains des évènements perpétrés par Nat Turner et sa bande qui ont eu lieu à des centaines de km de Canterbury (libération d'esclaves ou massacres anti-blancs ? je vous laisse deviner quel parti pris a été choisi à l'époque).
Prudence Crandall, après avoir répondu à la curiosité d'une jeune femme noire voulant s'instruire, décide d'accueillir cette dernière dans son école . Dès le début tu vois bien que les habitants de Canterbury s'auto-proclament comme progressistes, permettant aux jeunes femmes d'acquérir certains savoirs. Mais là faut pas trop pousser le bouchon ; des jeunes femmes noires à l'école ? mais quelle idée !
Et donc ces joyeux (non) citoyens vont prendre la ferme décision de retirer leurs filles (blanches) de l'école afin que l'institutrice ne puisse plus avoir de revenus propres à faire tourner son pensionnat.
La réponse de Prudence pour se défendre ? Foutre toutes les jeunes filles blanches dehors et accueillir exclusivement les jeunes filles noires désireuses d'apprendre (allez vlan).
Il y a dans cette BD, l'apparition du personnage du Sauvage, présenté comme un enfant "libre" et qui sert de critique aux actions entreprises par les jeunes pensionnaires et l'institutrice. Grâce à lui on comprend l'importance d'avoir également des modèles noir.es pour s'inspirer, car à l'époque les seules modèles sur lesquelles les jeunes femmes non blanches ayant soif d'apprendre sont tous des philosophes ou des savants blancs.
L'ouvrage est postfacé par la conservatrice du musée de Prudence Crandall qui a eu le travail de Lupano et Stéphane Fert en mains, saisie la pertinence de la retranscription dans leurs planches, le désir de dénoncer le racisme mais aussi le sexisme bien bien ancrés dans la culture occidentale et colonisatrice. Elle vient également appuyé le scénario en nous dressant un historique des faits propre à cette école.
J'ai pour ma part été séduit par le choix du scénario, mais aussi par les illustrations qui contrastent beaucoup avec les propos de l'ouvrage. Les couleurs viennent appuyer une certaine bonhommie naïve aux personnages mais permettent de mettre bien en avant la stupidité des habitants de Canterbury face à la situation.
Blanc autour est donc une réussite. Mon seul regret c'est qu'il n'ait pas été scénarisé ni illustré par des femmes et encore moins des femmes non blanches. Je pense que ça aurait donné beaucoup plus de corps à la BD, tant dans les propos que dans le traitement (je m'arrête là, j'aime beaucoup le travail de Lupano et je pense qu'il agit ici en tant qu'allié nécessaire).
La France manquerait-elle d'illustratrices et de scénaristes BD ? Je ne pense pas. À nous de leur donner plus de visibilité à l'avenir !
3aiment∙2commentaires
ChloDey
C'est vraiment un artiste fantastique j'adore son travail. Avez vous lu "La bibliomule de Cordoue"?
1000 jours
Lou Knox
Non je ne connais pas du tout je vais y jeter un œil, merci beaucoup pour la passerelle vers un autre univers ^^
Blanc autour
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ChloDey
C'est vraiment un artiste fantastique j'adore son travail. Avez vous lu "La bibliomule de Cordoue"?
1000 jours
Lou Knox
Non je ne connais pas du tout je vais y jeter un œil, merci beaucoup pour la passerelle vers un autre univers ^^
997 jours
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