Nom d’un bison, quel roman ! Si vous voulez un bouquin dépaysant je vous conseille vivement celui-ci, un western qui relate la vraie vie des pionniers, au beau milieu du Nebraska et du XIX ème siècle. C’est l’époque où des familles entières quittent l’Est pour la Frontière, espérant s’y établir, s’installant plus ou moins légalement sur quelques lopins de terre, fondant des petites communautés au milieu de nulle part. Ce sont souvent des émigrants qui viennent d’Europe (Suède, Allemagne), mais rien ne les a préparé aux conditions de vie extrêmes qu’ils vont trouver dans ce Nouveau Monde : de simples cabanes en terre, quelques bêtes à la merci des loups, des récoltes aléatoires, l’hiver glacial et interminable… Quatre femmes n’ont pas résisté, et pour des raisons diverses, elles ont perdu la tête. Au fil des pages, on en apprend plus sur ces quatre femmes devenues folles : Arabella qui a vingt et un ans perd ses enfants en 48 heures, tous trois succombant à la diphtérie, Gro qui ne peut enfanter et qui ne peut plus endurer les assauts de son mari, Théoline qui n’a pu supporter de mettre au monde un énième enfant, une journée d’hiver, seule et Hedda qui a du faire face à une attaque de loups et en est presque morte de peur… Un point de rupture différent pour chacune, mais en commun, une histoire terriblement poignante.
Quoiqu’il en soit, devenues inutiles à leur mari, il faut les rapatrier de l’autre côté du Missouri : de là, si elles ont de la chance, leur famille (frère, sœur, parentés) pourra les accueillir, à moins qu’elles ne soient obligées de finir leur vie dans un asile. Le pasteur de la petite communauté à laquelle elles appartiennent organise leur départ : les quatre maris doivent tirer au sort lequel les conduira, les autres pourvoiront aux besoins pour ce voyage de plus de cinq semaines (un chariot-fourgon, des mules, des vivres). Mais aucun des quatre maris ne veut partir et c’est finalement une femme qui se porte volontaire : Mary Bee Cuddy, la trentaine, célibataire, elle était institutrice avant de s’installer seule et de faire prospérer sa petite exploitation. Mais Mary Bee se rend vite compte qu’elle ne pourra y arriver seule. La providence met sur son chemin un certain Briggs, un voleur de concessions, qui échappe de peu à la pendaison. Briggs accepte d’escorter le convoi moyennant la promesse de toucher 300$ à l’arrivée.
Le long voyage peut commencer, ainsi que la cohabitation entre Cuddy et Briggs.
Dans une nature âpre et hostile, ce roman porte incontestablement un véritable souffle épique, illuminé par le personnage de Cuddy profondément humaine, sensible, qui se préoccupe toujours du sort des quatre passagères du fourgon dont elle tente d’adoucir le sort. Cuddy est malheureusement prisonnière du carcan des traditions sociétales de son époque, dont elle tente –en vain- de s’affranchir. Quant à Briggs on découvrira qu’il a plusieurs facettes.
Un magnifique roman d’aventures qui relate, sans fard, les désillusions des pionniers et met en avant le rôle déterminant des femmes dans la conquête de l’ouest (voir aussi Les femmes d’Heresy Ranch).
Le rapatrieur 🦅🦌🐎🇺🇸🖤🖤🖤
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