SudOuest- 18/06/2020

Et tout refleurira

Le récit lumineux d’une résilience entre Bordeaux et l’estuaire pour trois naufragés des cœurs. « Simone avance avec la démarche d’un marin sur le pont d’un rafiot brinquebalé par une mer en pétard. D’un mouvement mal assuré, elle agrippe le goulot d’une bouteille, s’accroche à sa bouée avant le naufrage. » Sûr, Simone va sombrer. Elle entraînera dans sa chute ses trois enfants, Ric, Yohann, Liliane, qu’elle a eu d’amants différents. Trois gamins, trois des-tins, dans le brouillard des villes.La bande originale des « Hélianthes » aurait pu être un rap hargneux, ici ce sera du Mano Solo. Au fil du récit, Yohann s’extirpe de ses démons, de son usine, il part sur les traces de sa sœur, du côté de Bordeaux et de l’île Verte dans le Médoc. La terre la plus pauvre et la plus inhospitalière n’empêchera pas les hélianthes, ces petits tournesols, de fleurir et de refleurir en-core, prédit Patrick Azzurra, dont c’est le deuxième roman paru aux éditions Passiflore. La plume est fine, parfois hésitante, mais l’histoire est comme un coup de poing ravivant les blessures intimes.Aux premières lueurs de l’aube,en cure de désintoxication, la mère ouvrira les yeux et décoche-ra son ultime flèche en forme de lettre : « Mes chers enfants, je vous devais bien ça. Sachez que j’ai con-science de ne pas vous avoir aimés comme vous l’auriez mérité. Par-fois, les erreurs rendent la vie si in-supportable que l’on doit s’efforcer de les voiler. L’alcool m’y a aidée [...]. » Viendra pour tous le temps de la résilience et celui des rencontres qui peuvent changer le cours d’une vie.