En attendant Papa

Elle attend. Désespérément. Elle l’attend. Désespérément. Son papa. Pamina l’attend. Lui, il s’est fait arrêter. Une sombre histoire. Arrêté pour presque rien. Non. Arrêté pour un rien. Il est enfermé. Il attend. Il attend que la justice daigne lui redonner sa liberté. Il attend. Et elle aussi. Elle l’attend. Elle a sa maman, bien sûr. Pénélope est là. Mais ça ne suffit pas. Elle l’attend. Lui. Son père. Son héros. Le héros de sa toute petite vie. Alexandre. Son papa. Alors, pour combler le vide. Pour rappeler sa fille à son bon souvenir, il écrit, il dessine, il poétise, il embellit. Pour sa fille, il raconte les rayons de soleil et les rêves. A sa femme, il conte, vraiment. Il conte l’horreur. Mais pas toute. Toute la vérité, comme dit Lacan, ce serait trop. Toute vérité n’est pas bonne à dire. Trop de poids, trop d’horreur. Alexandre embellit. Et nous, lecteur impuissant, on le sait. Mais parfois, il faut embellir. Coûte que coûte. Pour ne pas faire mal, pour ne pas blesser trop profondément. Pour que la blessure ne s’infecte pas. Coûte que coûte. Embellir. La réalité teintée de mensonge est déjà assez horrible comme ça. Rien ne sert de remuer le couteau dans la plaie. Tirée d’une histoire vraie, ce récit prend aux tripes, vous retourne, vous fait mal au ventre. C’est l’histoire d’une famille éclatée, séparée de force. C’est l’histoire d’une famille comme tant d’autres. Arrachée à la douceur du quotidien pour trop peu. Pour rien. Pour sa fille, il embellit. Il écrit des mots d’amour. Pourtant, derrière les mots joyeux et plein d’adoration, il y a la réalité. La réalité. L’abus de pouvoir. Les sanctions, le manque de respect, de dignité. Les injures, les coups, les coups bas, les insultes. T’es qu’un détenu. Ferme ta gueule et baisse la tête. Alors, Alexandre fait profil bas. Parce qu’après toute cette merde, il y aura Pénélope et Pamina. Il y aura la vie, la liberté. Loin de toute cette crasse. Loin de tous ces abus de pouvoirs. Celle qui attend. Ou celles qui attendent. Ceux qui attendent. La liberté, la dignité, les retrouvailles, l’humanité. Un roman qui prend aux tripes. Qui fait mal, qui fait peur. Un roman tiré d’une histoire vraie. Essentiel. À ne pas manquer. Pour ne pas oublier, passer sous silence. Les abus, les violences, les amours, les emmerdes. Un roman à lire. Coûte que coûte.