Sebastien N- 12/03/2024

Perte de contrôle

Peux t-on être heureux quand on cherche à tout contrôler ? À quel moment on perd le contrôle de soi dans l’emprise qu’on met sur les choses ? Il y a sûrement une ironie salvatrice dans le statut d’escalave que celui induit. Parce ceux qui cherchent à tout maîtriser sont souvent les même qui deviennent fous lorsque les ca leur échappent et qu’ils assistent impuissant au juste retour de bâton. Dans « Serena », on est pris d’admiration pour cette femme dans ce milieu d’hommes. Elle fascine, impose ses mots, ses décisions, se fait respecter par tous. Par l’intelligence et l’humour, en montrant son savoir et sa capacité d’entraîneuse. Puis elle semble y prendre goût, et ce qui nous semblait être une vertue féministe se transforme en dictature de ses envies. Elle commande. Seule. Dicte. Renvoie. Punie. Elle coupe toute humanité dans ses positions pour suivre un rêve qui semble échapper à tous. Les personnes disparaissent à ses côtés. La folie est la. Dans la perte de contrôle que le contrôle impose. Dans la tour de verre dans laquelle elle s’est hissée sans partage. Plus rien ne la choque ni ne lui fait peur. Anne-Caroline Pandolfo et Terkel Risbjerg nous font sombrer avec brio dans le sable mouvant de l’ambition néfaste. On est forcément partagé dans l’impression qu’elle nous transmet. Presque envoûtante même lorsque le pire est prévisible. C’est beau dans les paysages boisés, dans les ambiances qui transpire de cette chape qui recouvre tout. On rit un peu puis on reste figé, sans pouvoir décrocher de la chute attendue. Il y a un côté jouissif à assister à la chute d’un tyran. Même lorsqu’on a pu l’aduler. La voir finalement ramper devant ses démons et prendre un retour de bâton, même tardif remet un peu les choses en place. Le contrôle est une saloperie malsaine. Laisser les choses se faire d’elles même sans chercher à tout calculer est sûrement plus porteur de résultats heureux. Ne jamais renoncer. Tout fini toujours par arriver lorsqu’il s’agit d’évidence.