Valhalla- 19/12/2023

Un récit de science fiction qui questionne les corps, les genres

Saul Pandelakis délivre ici un ouvrage très intéressant sur les conditions humaines et bots/IA dans un futur proche (début XXIIe siècle) où la Terre n'est plus enviable (et devient invivable) et où pour cela on envoie dans l’espace des équipes à la recherche de planètes à terraformer. Nous allons suivre le quotidien de deux protagonistes, Roz, humain et Asha, bot, tous deux transgenres, et qui devront œuvrer ensemble pour assurer le maintien de l'ari-me, le vaisseau sur lequel se trouve Roz. Le suivi de ce quotidien nous plonge dans deux visions, une macro qui dépeint un système capitaliste à son paroxysme et qui modifie la notion du temps et de l’espace (mouvant, réduit, fragmenté, inégalitaire), avec son lot de luttes autour des droits humains et bots, autour de la transidentité. Et enfin une vision micro qui s’attache aux corps, aux sensations et sentiments, à la pensée et aux envies. Le propos est donc très intéressant à analyser et la transposition vers notre monde réel est marquante. Ce récit est assez original dans sa forme, j’ai eu l’impression à quelques occasions de lire plus un essai qu’une fiction. Alors que l’auteur prend une certaine liberté de langage et distille abondement anglicisme et abréviation. Tout cela participe à son identité, donnant une valeur d’unité, tout en étant peut-être parfois trop linéaire (dialogues et narration). La plume n’en est pas moins agréable et fluide, avec quelques aspirations poétiques. L’auteur va à son rythme, volontairement lent, pour poser le décor et les valeurs, ce n’est qu’au milieu du livre que l’intrigue se révèle et les enjeux émergent. Et lorsque la fin arrive, tout se succède par ellipse, comme si le temps à nous aussi nous manquait. C’est donc avec une légère frustration que j’ai refermé le livre.