Sara GD- 04/05/2023

Un très bon moment de lecture

Cemetery Boys est un roman jeunesse dans un univers fantastique avec des personnages qui ont presque seize ans : une (presque) quarantenaire peut-elle apprécier sa lecture ? OUI ! J'ai aimé les personnages, j'ai aimé l'univers, j'ai aimé la plume, j'ai aimé les messages que l'auteur fait passer et les valeurs transmises. Le récit m’a totalement happée, jusqu’à ne plus pouvoir m’arrêter de lire. Les thèmes : culture latine, meurtre, magie, esprits, quête d'identité, dépassement de soi, respect, espoir, tolérance, LGBTQ+, transidentité, amitié, amour Nous plongeons dans la culture fantastique des latinx (personnes vivant aux États-Unis dont la culture est principalement latino-américaine), à quelques jours d'el Día de los muertos, dans la communauté des brujx. Notre Dame la Mort confère un don à tous les adolescents à partir de quinze ans lors d'une cérémonie officielle : celui de voir les esprits des morts qui errent encore parmi les vivants. Ils reçoivent aussi un pouvoir dans leur portaje. Les bruja, les femmes, peuvent guérir les êtres vivants, même mourants (tant que le cœur bat), à l'aide d'un chapelet. Les brujo, les hommes, aident les esprits à passer dans l'au-delà en rompant le lien qui les relie au monde des vivants à l'aide d'un poignard. Tous, sauf Yadriel, notre héros. Sa famille lui a refusé l’accès à la cérémonie, car tous le voient comme une bruja, son genre assigné à la naissance, alors que c'est un brujo. Yadriel est une personne trans (et gay), et il va leur prouver que Notre Dame la Mort le reconnaît en tant que brujo en se rendant dans l'église pour effectuer lui-même, en douce, la cérémonie. Sa cousine et meilleure amie, Maritza, l'accompagne (toujours dans les coups fourrés ces deux-là) et lui a même fabriqué un portaje. Elle, elle a décidé qu'elle ne serait pas guérisseuse, parce qu'elle est vegan, et que pour guérir, les brujas se servent de sang animal. Ces deux-là forment un duo pétillant. Mais arrive un drame : la mort soudaine et inexpliquée de leur cousin Miguel. Tous les brujx sont en alerte et tous les brujos partent à la recherche du disparu. Tous ? Encore une fois, non, Yadriel est prié de rester avec les brujas. Évidemment, il file à l'anglaise avec Maritza pour tenter de retrouver l'esprit de son cousin, afin de l'envoyer dans l'au-delà et de prouver à sa communauté qu'il est bien un brujo. Est-ce qu'il y arrive ? Il rappelle bien un esprit. Est-ce celui de son Miguel ? Eh non, c'est celui d'un jeune de son lycée, Julian, disparu la même nuit. Ils vont passer un pacte : Yadriel va accompagner Julian auprès de ses amis, présents lors de sa disparition, pour s'assurer qu'ils vont bien. En échange, Yadriel pourra le libérer avant la fête des Morts pour prouver à sa famille qu'il est brujo. Au passage, s'ils peuvent élucider le mystère de la mort du cousin… Toute l’histoire se déroule sur trois jours. Certains n’aimeront pas le rythme parfois lent et le fait que l’enquête sur la disparition du cousin passe au second plan. Moi, j’ai vraiment adoré. C’est prenant et intense. On est dans le décor, on suit les personnages lumineux pas à pas. Ça permet de bien appréhender leur personnalité et d’apprendre à les aimer au point de ne plus vouloir s’en détacher. Il n’y a pas que l’histoire des disparitions dans ce roman, il y a tout un aspect bienveillance, compréhension de ce que peut vivre Yadriel à chaque instant, avec tout ce qui touche à la communauté LGBTQ+ et les préjugés qui peuvent exister. Tout est dans le détail, jusqu’aux deux rottweilers de Maritza. Cette race de chien, les gens en ont peur, car ils l’associent au danger. Pourtant, ce sont de vraies peluches baveuses (je ne vous dis pas pourquoi, mais avec eux j’ai explosé de rire sur une réplique). Conclusion : ne pas se fier à l’apparence et aux on-dit. Notre enveloppe ne reflète pas ce que nous sommes à l’intérieur, et ce roman l’illustre à la perfection. Je me suis énormément attachée aux personnages, très bien travaillés. Yadriel, Julian et Maritza forment un trio détonnant. Yads et Jules sont… trop mignons. Si au départ on pense que Julian est un gros “bip”, il se révèle surprenant. Leur façon d’être, naturelle, les rend réels, très forts. L’auteur joue avec nos émotions. J’ai pas mal rigolé à certains passages, j’ai été émue, mes yeux ont brûlé par moment, à tel point que, parfois, une larme a coulé. Les descriptions sont aussi très bien faites, on imagine tout le décor avec précision, l’univers est recherché. J’ai eu du mal à faire des pauses dans ma lecture tant je voulais connaître le dénouement. La fin m’a surprise, je me suis tellement laissée emporter par l’histoire que je ne l’ai pas vu venir. Ce qu’il faut retenir : les messages que cette histoire transmet et que je vous laisse découvrir. Les phrases en espagnol et certains termes, non traduits pour la majorité, peuvent égarer lea lecteur·rice, mais, personnellement, ça ne m’a pas gênée. Au pire, y a les moteurs de recherche. Et pour le décor, si vous avez du mal à l’imaginer, pensez au Disney Coco, car nous sommes dans la même culture. Si vous cherchez à lire une enquête, passez votre chemin, mais vous passeriez à côté de la belle histoire de Yadriel et Julian, accompagnés de l'excentrique Maritza.