Illusions perdues

L'angle mort du rêve est un roman particulier, dont la fin abrupte m'a fait d'abord me demander si je n'avais pas manqué quelque chose- j'étais en fait tombé dans le piège tendu par l'auteur au narrateur et de mes propres préjugés de lectrice blanche qui ne questionne pas toutes les identités. On retrouve quelque chose de la littérature francophone qui trouve des racines en afrique noir dans l'humour particulier de ce roman. Nétonon Noël Ndjékéry, dans un roman que j'ai d'abord pensé être un roman d'anticipation, une critique de la manière dont l'amour de l'identité nationale de certaine personnes les pousse à haïr un groupe qui n'existe pas alors qu'ils pourraient littéralement être de très bon compagnons s'ils se connaissaient. Une réflexion bien tournée et loin des sentiers battus sur les sujets mis en avant par les politiques aujourd'hui : l'histoire et l'identité européenne, le roman national, la xénophobie qui ne se cache pas et n'est pas vue comme un problème, dénonçant l'ignorance et l'aveuglement des même personnes qui sont représentées comme des symboles de l'éducation. Une satire de ces hommes de sciences et à l'audace des hommes les conduit à penser des projets touchants à la mort, sans que leur importe les questions éthiques soulevées par leur ambition. Netenon Noël Ndjékéry nous livre une critique de l'européen qui prend le monde, ses savoirs et ses proches comme des choses acquises ou à conquérir sans se questionner sur ce qui se cache derrière la surface, pourvu qu'il ait l'image de la réussite commerciale et societale.