Lou Knox- 27/02/2022

Esther

Allez bb, on frise quasiment le perfect ! C’est le deuxième livre que je lis d’Olivier Bruneau et je crois qu’il a su gagner en l’espace de deux romans une place inégalable dans mon listing d’auteurs préférés. Dans Dirty Sexy Valley, il s’imposait en virtuose en se moquant des codes cinématographiques de genre avec une série B drôle, trash et vulgaire (mais jamais gratos minou, c'est tout en subtilité). Pour Esther, il place la barre un cran au dessus sans pour autant bouder ce qui pour moi le rend vraiment ingénieux ; l’intellectualisation du trash porno au service de la philosophie et de l’éthique. Esther surfe sur la vague d’un épisode digne de Black Mirror ; dans une société future pas trop lointaine, un robot destiné à répondre aux besoins sexuels des humains est recueilli par un couple qui bat de l’aile. En parallèle, une flic enquête en sous marin sur le meurtre d’un type aux goûts sexuels déviants retrouvé mort sans qu'on y comprenne quoique ce soit. Bien sûr, le scénario est télescopé, la fille paumée (incarnée par le robot) à qui on a fait subir tout ce qu’il y a de plus abject physiquement va se heurter à la complexité et aux travers des humains, ce qui permet aux lecteurs de se prendre une grosse crotte de nez dans la gueule (bien méritée dans ce cas-là).
 Les références y sont riches ; on y perçoit la philosophie de de Beauvoir, la question d’identité, les influences de Mary Shelley, la prise de conscience post #metoo, … le tout saupoudré d’humour à la fois cradingue et implicitement malin. (J’ai aussi cru percevoir un petit clin d’oeil à ce génial film qu’est Le Fils de l’homme, mais autant je me plante complètement, vous me direz quand vous l'aurez lu). Anyways, je vais pas m’en cacher, j’ai adoré. À ce point que je l’ai bouffé plus vite que je ne pensais le becter. Pour autant on ne pourrait pas le conseiller à tout le monde, il reste malgré tout choquant sur pas mal de points … mais j’aurai tendance à laisser les futurs lecteurs.ices se prendre la surprise de la pertinence de ce roman. Feu !