Moi, Jean Gabin, de Goliarda Sapienza. Le Tripode. 18 Mai 2017. 11.5 euros. 145 pages.
Moi, Jean Gabin, c'est l'histoire de l'enfance de Goliarda Sapienza, en Sicile, à Catane au début des années 30 où le fascisme se développe à vitesse grand V, elle qui grandit dans une famille engagée très à gauche, et où les hommes de la famille sont souvent emmenés pour être tabassés à cause de leurs convictions politiques.
L'auteur a rédigé ce texte à la fin de son existence, c'est donc très autobiographique, on y découvre sa vie au sein de ce quartier populaire de Catane, la Civita, où son père, avocat, défend vigoureusement les moins aisés.
Issue d'une famille recomposée, la jeune Goliarda, dernière d'une tripotée de 7 enfants, mène une vie insouciante et déambule dans les rues, flânant, son activité favorite, suivant des gens comme dans un jeu de pistes jusqu'à se perdre. L'école? Très peu pour elle la plupart du temps, son frère Ivanoé est chargé de son éducation, et de toute façon son professeur lui fait peur.
Le fil conducteur du récit c'est la passion de la jeune Goliarda pour le cinéma (qui l'amènera plus tard à travailler pour Visconti), mais plus particulièrement pour Jean Gabin, à qui elle voue quasiment un culte. La compréhension qu'elle possède de son jeu d'acteur, la connaissance qu'elle a de tout ses films et la façon qu'elle a de s'identifier à lui, en imitant ses attitudes, sa démarche et sa vision du monde impressionne de maturité pour une petite fille de son âge.
Les difficultés financières sont présentes, la faim parfois aussi, bien que la famille soit soudée et ne manque de rien, cela façonne la petite Goliarda et la fait rentrer dans le monde des adultes rapidement, où elle devient capable grâce à sa tchatche de marchander avec eux, de souvent extorquer une lire ou deux à son oncle, qui d'ailleurs en tant qu'anarchiste, se désolidarise de la vision du monde des parents de Goliarda, vision alternative intéressante.
C'est une introduction parfaite pour qui veut découvrir l’œuvre de Sapienza, elle qui a été boudée pendant de nombreuses années pour L'art de la Joie, son plus grand livre devenu aujourd'hui une œuvre majeure de la littérature italienne contemporaine, mais jugé trop contestataire et féministe à l'époque, il aura fallut attendre le succès en France pour que les éditeurs Italiens daignent s'y intéresser.
#litteratureétrangère #Sapienza Le Tripode
Spienza by herself
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