Chris5867- 21/05/2022

Érudit et passionnant

Que se passe-t-il lorsque des historiens-chercheurs, des antiquisants, des médiévistes, des historiens de l’Art s’emparent d’une série culte et la décortiquent à la lumière de leur connaissances ? Et bien cela donne dans un premier temps une série de conférences à la Sorbonne et dans un second temps, ce livre épatant et qui dissèque la série d’Alexandre Astier (dont je suis fan absolue) sous un angle inédit et passionnant. Ecrit par une tripotée de chercheurs universitaires, visiblement fans de la série autant que moi, le livre se décompose en chapitres thématiques : Le personnage de Perceval, de Guenièvre, de Merlin, d’Arthur mais aussi la notion de justice dans Kaamelott, la nourriture, les Arts, la musique, la place du jeu dans la société médiévale, etc… C’est un livre universitaire, c'est-à-dire que même si c’est parfaitement abordable pour tout le monde, cela reste une lecture assez exigeante. Mais pour en avoir lu ma part, de livres universitaires en Histoire, je peux vous assurer que celui là se déguste car il a une saveur bien particulière. Cela dit, certains chapitres, sont particulièrement « velus », comme celui sur la musique. Ce chapitre, écrit visiblement par un musicologue, décortique l’épisode cultissime « La Quinte juste ». Honnêtement, c’est celui qui est le plus hermétique aux yeux d’une profane totale. Qu’est ce qu’il en ressort, au final, de cet ouvrage ? Et bien que malgré ses anachronismes comiques et apparents, « Kaamelott » est une série bien plus érudite qu’on ne l’imagine. Il y a dans la série bien plus de références historiquement pertinentes qu’on pourrait le croire. Parce qu’Alexandre Astier s’est hyper documenté (et il suffit de regarder les bonus des DVD pour s’en convaincre), et s’est beaucoup appuyé sur les travaux universitaires du Haut Moyen Age et de l’Antiquité tardive, il a construit un univers qui n’est pas si étranger que cela à la réalité de la Bretagne du Vème siècle. Cette période complexe et mal connue, à cheval entre l’Antiquité et la Moyen-Age est une période de transition, de transformation en profondeur de la société, de la politique, des arts, des croyances. C’est une période complexe et la série explore cette complexité d’une façon pointue, bien plus pointue que je ne l’aurais cru. Les personnages eux-même, s’appuyant sur la légende arthurienne, sont d’une complexité qu’on ne soupçonne pas quand on les regarde à l’écran d’un œil amusé. Les anachronismes (présence des armures, abondance de nourriture carnée, du casque viking à corne…) peuvent être vue au regard de ce que l’Historiographie nomme le Moyen-Age phantasmé. Après avoir lu ce livre, même en connaissant par cœur les épisodes, vous ne regarderez plus « Kaamelott » de la même façon. Et je crois bien que vous y prendrez encore plus de plaisir, ce qui n’est pas peu dire !