Voilà une leçon de machiavélisme, au bon sens du terme. On juge l'action politique en fonction de sa fin. Principe qui relève du bon sens, sans doute, mais principe dangereux – et, par conséquent, principe fort discuté. C'est l'un des motifs de la rupture intellectuelle française la plus mémorable : Sartre, Camus.
Peut-être ce principe est-il dangereux mais, enfin, ériger la non-violence au rang de principe inviolable est tout aussi dangereux. C'est précisément ce que montre Andreas Malm, avec toute la nuance nécessaire (si tant est que l'on puisse parler de violence contre des biens). Les actions symboliques ont certes un effet concret, puisqu'elles rallient des militants. Mais reste à interroger les conséquences de cet effet : si les militants ne font que des actions symboliques, eh bien...
Cet essai est essentiel. D'une part, il prouve à quel point la philosophie est d'actualité, puisqu'il s'agit ici de remettre au goût du jour une question d'un âge fort respectable. D'autre part, il change la donne. Il replace l'écologie dans le domaine politique, dans la politique au sens pleinement philosophique du terme – « à telle fin, quels moyens ? » Les bons sentiments, aussi bons soient-ils, ne sont pas sans risques. Et, aussi camusien que l'on puisse être, se révolter, parfois, nécessite de se salir les mains. Relevons les manches.
Relevons les manches
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Comment saboter un pipeline
Andreas Malm
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