Evergreen13- 27/12/2021

Crépusculaire 🌑🖤🖤🖤🇺🇦

1988 : deux ans après « l’incident », Gouri, sa femme et sa fille Ksenia, vivent à Kiev. En 1986, ils habitaient à Pripiat et lorsque le réacteur n°4 de la centrale nucléaire de Tchernobyl est entré en fusion provoquant la catastrophe que l’on connaît (« Ils étaient venus ensemble, c'était tout près d'ici, Ksenia et lui, au matin du 26 avril. Voir un peu. Le bleu étrange de l'incendie. Les irisations. Cette féerie. Ils avaient même hésité à s'approcher encore. ») … Pourtant, ce matin-là, deux ans après, Gouri se prépare à retourner à Pripiat, chez lui. A moto. Il veut récupérer quelque chose dans son appartement, quelque chose d’insignifiant mais si précieux pour lui…  Il s’approche de la zone interdite et s’arrête chez de vieux amis, Vera et Iakov. Iakov se meurt, comme tant d’autres, il faisait partie des équipes qui sont intervenues sur le toit de la centrale… Après une soirée passée à discuter, à se souvenir, à chanter, à boire de la vodka, Gouri enfourche sa moto et part pour Pripiat, accompagné de Kouzma, qui sera son guide. Ce court roman est un véritable coup de cœur. Ce n’est pas le premier roman que je lis sur Tchernobyl (j’avais beaucoup aimé « De bonnes raisons de mourir » et « Tout ce qui est solide se dissout dans l’air ») mais cette histoire est poignante à l’extrême, sans jamais verser dans le mélo. Avec peu de mots, dans un espace temps réduit, l’auteur réussit un véritable tour de force en nous immergeant dans cette nuit à la beauté magnifiée par des personnages sublimes.    Il y a eu la vie ici Il faudra le raconter à ceux qui reviendront Les enfants enlaçaient les arbres Et les femmes de grands paniers de fruits On marchait sur les routes On avait à faire Au soir Les liqueurs gonflaient les sangs Et les colères insignifiantes On moquait les torses bombés Et l'oreille rouge des amoureux On trouvait du bonheur au coin des cabanes Il y a eu la vie ici Il faudra le raconter Et s'en souvenir nous autres en allés