SudOuest- 25/03/2021

Des hommes au cœur du drame de Fukushima

Le 11 mars 2011, un séisme et un tsunami provoquaient une catastrophe nucléaire majeure au Japon. Deux récits dessinés viennent de paraître. Pour ne pas oublier. Il y a dix ans déjà. Le monde avait les yeux braqués vers le Japon, touché par un séisme de magnitude 9,1. Le tsunami qui en a découlé, touchant la centrale de Fukushima-Daiichi, a provoqué une des plus graves catastrophes de l’histoire du nucléaire, du même niveau de gravité que celle de Tchernobyl. Deux ouvrages paraissent pour en rappeler la réalité, deux regards sur ce qui reste une plaie à vif au pays du Soleil-Levant. “Fukushima, chronique d’un accident sans fin” s’attache aux cinq premiers jours du cataclysme, cruciaux dans la gestion de cette crise majeure. Le récit de Bertrand Galic, mis en images par Roger Vidal, s’inspire du témoignage de Masao Yoshida, directeur du site de Fukushima-Daiichi, alors recueilli par une commission d’enquête. Un choix pertinent à plus d’un titre. Les défauts du système Les auteurs renversent en effet la perspective, nous faisant vivre l’intérieur des évènements connus pour la plupart par leur seule couverture médiatique. Ils pointent ainsi les défauts du système, les erreurs de management de l’opérateur Tepco, plus préoccupé de l’outil que du personnel, ou même l’incurie du Premier ministre Naoto Kan, qui a perturbé la chaîne des secours par son intervention. Surtout, se plaçant à hauteur d’homme, ils mettent en avant le courage et l’abnégation de celles et ceux qui, au péril de leurs vies, pour éviter que la situation ne dégénère encore... À hauteur d’homme... c’est également le credo de “Naoto, le gardien de Fukushima”, autre récit de vie tiré d’une histoire vraie, signé Fabien Grolleau et Ewen Blain. Le récit d’un fermier, Naoto Matsumura, aux premières loges de la catastrophe. Impossible, pour lui, d’abandonner ses bêtes. Évacué, il le sera comme tout le monde. Mais son humanisme le poussera à braver l’interdit. De retour chez lui, il déambule seul au milieu d’un paysage ravagé par la déferlante, submergé d’irradiations. Il recueille chiens, chats et mêmes autruches, poussant une à une les portes des fermes alentours à la recherche du moindre signe de vie... En résistance L’ancien ouvrier de la centrale, fleuron technologique réputé insubmersible, censé faire la richesse de cette province rurale, en devient peu à peu le plus ardent détracteur. “L’homme le plus irradié du monde” entre en résistance : “Je n’étais pas antinucléaire avant, Tepco m’avait lavé le cerveau. Mais vous aussi, en France, vous avez des centrales nucléaires encore plus vieilles que celles qu’il y a au Japon et elles peuvent elles aussi exploser”, alerte-t-il.