Alexandra_Z- 11/08/2024

J’aime toujours autant lire Alaa El Aswany 🇪🇬 🏨

Dans son nouveau roman qui paraîtra en septembre chez Actes Sud, il nous emmène cette fois non pas dans sa ville, Le Caire, mais à Alexandrie. À travers le portrait d’un groupe hétéroclite d’amis de longue date, il nous montre l’évolution inquiétante de la dictature nassérienne. Dans les années 1960, Alexandrie est multiple, riche du mélange des origines et des religions de ses habitants, douce comme le climat méditerranéen. Mais la République socialiste de Gamal Abdel Nasser vient insidieusement détruire la liberté d’expression, puis la liberté tout court. Dans ce roman, on assiste tristement à la fin d’une époque. L’auteur traite les sujets chers à son cœur, lui qu’on sent à la fois si fier et si critique de ses compatriotes égyptiens. Le pouvoir militaire est une plaie (l’Egypte en est une parfaite illustration) : il ne respecte pas le droit et suit les ordres du leader tout puissant. Les opposants sont arrêtés sans même un semblant de justice. Le silence de la population augmente, la lâcheté avec : qui a envie de croupir dans une geôle pour avoir osé élever la voix ? Les courageux finissent par comprendre que pour rester en accord avec leurs valeurs, il leur faudra partir, quitter leur pays. Un drame qui a touché l’auteur lui-même : Alaa El Aswany ne peut plus vivre en Egypte, et ses écrits y sont censurés. Mais son souffle romanesque continue de donner corps à cette Egypte multiple, victime de décennies de dictature militaire et d’oppression. On peut trouver un espoir infime derrière ses lignes, même si ses personnages les plus courageux finissent toujours par perdre la partie face au monstre du pouvoir…