La dépression est comme un vampire, elle vide l’autre de son âme de façon insidieuse et pernicieuse, jusqu’à ce qu’il n’en reste que l’ombre. Et Bunny, écrivaine new-yorkaise, le sait mieux que personne. Alors qu’elle est en dépression depuis bien longtemps, c’est le soir du réveillon du Nouvel An, alors qu’elle partage un dîner avec son mari et des amis, qu’elle s’effondre. On l’emmène alors dans un prestigieux hôpital, direction le service de psychiatrie. Là-bas, on attend d’elle qu’elle se repose et se recentre sur elle-même, à coup de traitements médicamenteux et d’activités thérapeutiques. Seulement voilà, Bunny est écrivaine et bien décidée à relater les événements qui auront fini par la conduire dans ce service si particulier. Et puis à dresser le portrait de ses camarades… parce que séjourner en service de psychiatrie, c’est tomber dans un monde presque parallèle, dans lequel le monde réel ne semble pas pénétrer.
Au fil du récit, les chapitres alternent entre le passé de Bunny, sa vie dans ce service hospitalier, et les détails de ce réveillon au cours duquel tout a basculé. Petit à petit, les morceaux s’emboîtent et nous permettent d’entrevoir la vie de cette femme dans son ensemble. Bunny se dévoile et dévoile son quotidien avec beaucoup d’humour et de dérision… et surtout avec une immense clairvoyance. Et si, après tout, ce n’était pas les patients le problème, mais bien l’institution hospitalière et sa vision de la non-normalité ?
Le charme de ce roman réside, selon moi, dans son approche assez inédite et mordante de la dépression et des personnes qui en souffrent. Bunny tourne tout en dérision, et c’est rafraichissant.
Je sais que bon nombre de lecteurs n’ont pas trouvé ce récit drôle. Mais c’est mon cas. Peut-être parce que le sujet me touche de très près et que j’ai besoin de ce côté humoristique pour lire un récit traitant de la dépression et de l’internement. Cependant, il n’en reste pas moins un témoignage relatant les souffrances de l’âme humaine et la lente descente aux enfers dans laquelle nous pousse la dépression. Témoignage, parce que de Bunny à Binnie, il n’y a que quelques lettres de différences, et que je ne peux imaginer un récit d’une telle profondeur sans que l’auteure traite de ce sujet en connaissance de cause.
Bienvenue en dépression
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