Saint Honoré- 30/11/2020

Joli !

Lola Lafon nous présente Cléo, une jeune fille de milieu modeste, banlieusarde, un peu comme toutes les filles de son âge mais pas tout à fait. Cléo développe à 13 ans une passion pour la danse, le modern jazz. Une discipline à laquelle elle s’accroche à bras le corps, corps et âme. La danse devient son chemin de vie, l’objectif à atteindre coûte que coûte. Plus tard, elle sera danseuse. La vie et son envie de s’accomplir, la mènent vers la Fondation Galatée, une mystérieuse organisation réalisatrice de rêves. Sur le papier tout est rose, ils accompagnent les jeunes espoirs à faire de leur passion un métier. Dans les faits, ils ciblent des jeunes filles de milieux modestes et abusent de leur naïve confiance pour profiter de leurs corps. Cléo entraîne avec elle et malgré elle, d’autres jeunes filles sur ce chemin. Le lecteur est plongé dans le monde de Cléo de l’enfance à l’âge mûr. Nous faisons sa connaissance par le prisme de son entourage : ceux qu’elle a aimés, ceux qui l’ont aimée. Cléo devient danseuse, devient femme, devient compagne, épouse et mère. Son rêve de petite fille s’est réalisé mais pas grâce à Galatée. Elle vit de danses, en cabaret, d’entertainment ou de peep show. Celles sans lettre de noblesse, où la grâce et la performance sont synonymes de soumission et de pénitence. Elle avance avec son fardeau, celui d’une jeune fille abusée à la fois victime et coupable. Que faire de ce lourd bagage ? Se détache du livre une certaine lumière, une ambiance capiteuse. Celle d’une banlieue où l’espoir et l’envie de se réaliser résistent à tout, celle d’un mélancolique Paris. Ça sent la laque, les paillettes, la cigarette, la pluie et le sexe. On entend presque du Gainsbourg en fond... Un très beau livre.