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Le chef d'oeuvre. J'ai pas de mots pour exprimer la réussite de ce premier roman. T'imagines RF Kuang elle l'a fini à 19 ans. Moi à 19 ans j'écrivais des fanfictions. Elle, elle était publiée avec un des romans les plus incisifs que j'ai jamais lu. Ça commence comme Harry Potter, avec une pôvre petite orpheline qui décide de rentrer dans l'école militaire la plus prisée du pays pour pas avoir besoin de se marier. Rin fait preuve d'une obstination qui confine à l'aveuglement, elle est à vif, et elle a pas ton temps. Rin met les pieds où elle veut, et c'est souvent dans la gueule. C'est bien tout ça, on se marre bien, elle poutre des bourgeois à coup de poing, elle apprend à devenir un chaman, elle porte un cochon en haut de la montagne tous les jours, et puis soudain, c'est la guerre. Écoute. Écoute. Tu veux de l'aventure qui finit bien, va lire autre chose. C'est la guerre, c'est moche, c'est cru, c'est crade, et ça ne s'arrête pas. RF Kuang ouvre les intestins de l'Histoire, et les viscères sont cancéreuses. Ya des scènes qui vont te hanter longtemps. Ya des destins grandioses qui vont être brisés secs. Va y avoir des morts, des sacrifices inutiles, des souffrances inimaginables. Mais quand t'as commencé à lire, tu ne peux plus que suivre la dernière chaman au phénix, la dernière Speerly qui brûle dans ce tunnel de merde charbonneuse. C'est une trilogie qui m'a laissé sur les genoux émotionnellement, dont je porte encore les personnages dans un coin de ma tête, et RF Kuang savait très bien ce qu'elle faisait en préfaçant le début du tome 3 par "I hope you brought a bucket for your tears". J'ai arrosé le jardin pendant deux jours avec ce que j'ai récupéré de larmes. Lis-le si t'as la fibre tragique, si t'aimes les histoires d'amour ratées, si t'as l'estomac bien accroché, si t'aimes les romans de guerre, si t'aimes les personnages ambigus et complexes, et surtout si tu veux voir le dernier shaman de l'empire tracer son chemin enflammé dans l'Histoire.