Tu t'appelles Dorrit.
Au début de l'histoire, tu es un fœtus. A l'abri, au chaud.
Indesirée.
On ne t'attend pas.
On t'appréhende. Te redoute.
Tente de te perdre.
L'avortement échoue.
On pourrait dire tant mieux.
Toi, tu le vivras tant pis. Toute ta vie.
Entre tes souvenirs, ceux de la mère surtout, les cinq années où elle sera là, avant l'abandon, et tes tentatives de comprendre et de survivre à tes traumatismes, se profile les crimes d'une société. Envers la femme.
Les lacunes d'une famille, la fatalité de l'héritage, d'indifférence et de reproches.
Tu écriras, Dorrit.
Tu prendras la plume pour raconter les combats perdus d'avance, les indésirables et les corps qui abandonnent.
Tu prendras la plume et tu raconteras l'être humain avec beaucoup de clairvoyance, de sensibilité et de justesse.
Ta plume sera l'arme.
Ta plume sera salvatrice.
Elle sera le mouvement. Celui qui évite de sombrer.
J'ai lu ce livre d'une traite, comme on s'abreuve, à pleine bouche. A prendre les mots avec les doigts, goulument, et à m'en mettre partout.
L'écho qu'il a trouvé en moi ne se limite pas au combat féministe. A la mère que nous avons et à celle que nous tentons d'être. A l'avortement.
Comme d'habitude, l'écriture de Nancy Huston m'embarque, et je suis touchée autant par ses mots que par ses engagements.
Salvateur
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