Dans ce roman, très agréable à lire, dont l’aventure est haletante, on découvre un système « post-pétrole » dans lequel la société semble avoir été détruite… En réalité, toutes les mécaniques de pouvoir restent intactes : la propriété privée est conservée, l’accumulation de la richesse reste le principe économique principal - il suffit d’un Lucky Strike pour nouer des relations avec les patrons, les bandits, et prendre son envol économique. La société reste organisée comme elle l’est aujourd’hui (permis de ferrailler, entreprises, police…) simplement sans ressources.
Présenté comme ça, on comprend que pour vivre dans ce monde, il faille « de la chance et un cerveau », comme le répètent les personnages. Cette expression semble même décrire complètement cette société. C’est sûrement, vrai mais le vrai cœur de ce roman est précisément la capacité d’extraction des personnages de la structure politique qu’ils acceptent pourtant en apparence. Nailer affirme son humanité en décidant de ne pas suivre le crédo « la chance et le cerveau » lorsqu’il en a l’occasion, il s’extrait également de la structure familiale imposée par le sang en choisissant Sadna et Pima comme famille. De la même manière, Tool n’est pas prisonnier de ses gènes, il n’a aucun maître.
« De la chance et un cerveau » : cette expression résume la structure politique, qui est déjà la nôtre au XXIème siècle, et dont les personnages de Ferrailleurs des mers n’ont su se débarrasser même après l’effondrement. Mais elle ne résume certainement pas l’humanité.
De la chance et un cerveau
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