Dans la vie de Joseph Geist, rien ne va : sa copine vient de le jeter dehors et il n’a plus d’endroit où vivre, sa thèse de philosophie est au point mort et sa directrice de thèse lui explique qu’il ne va nulle part et qu’il vaut mieux jeter l’éponge. Plutôt convaincu de sa valeur à bien des points de vue, il rechigne à gagner sa vie autrement que par ses idées et son intellect. Du coup, être payé 100$ par semaine pour philosopher avec une vieille dame solitaire, qui de surcroit lui propose de louer une chambre dans sa grande maison, ca ressemble au plan parfait. Mais les plus belles médailles ont toujours leur revers et dans le cas présent, le revers se prénomme Eric, le neveu de ladite vieille dame, un looser qui n’aime rien tant que demander des chèques à sa tante en attendant son héritage. Très vite, Joseph comprends qu’Eric va devenir son pire cauchemar. Le roman de Jesse Kellerman est une réussite, même si on peut lui accorder quelques petits défauts, comme des passages philosophiques un peu abscons et quelques longueurs. Sa principale qualité résidant dans la complexité du personnage de Joseph, plutôt antipathique, presque asocial, imbu de lui même tout en étant en même temps pétri (et même paralysé) par le doute, un vrai personnage complexe comme les thrillers n’en proposent pas souvent. Sa descente aux enfers, imparable au vu de sa personnalité et de celle d’Eric (qui est tout ce qu’il n’est pas !), semble inscrite dans ses gènes depuis son enfance, raconté dans les premiers chapitres sous forme de flash back. En fait, et c’est particulièrement troublant au vu du dernier chapitre (très ironique dans son ton), « Beau Parleur » c’est l’histoire d’un homme qui n’était pas fait pour sa propre vie, jamais à sa place. Il ne trouve pas sa place dans sa famille du Middlewest, ni évidemment sur le campus de Harvard, il ne trouve jamais le ton qui convient avec Yasmina, sa copine d’origine iranienne. D’une manière générale, Joseph Geist ne sait pas se positionner par rapport aux autres, si bien qu’on finit par se demander s’il n’aurait pas une personnalité un peu « autistique ». Je ne sais pas si tout est crédible mais on marche dans une intrigue limpide, bien menée, écrite dans un style agréable et la plupart du temps facile à lire, si l’on excepte les passages avec des gros morceaux de philosophie dedans, qui ne parlerons pas à tout le monde. Mais même eux, qui tournent souvent autour de la notion du libre-arbitre, ne sont pas là gratuitement. Car c’est bien le libre-arbitre d’un homme mal dans sa vie dont il est question ici, et au final, c’est une question universelle qui peut parler à tous : vivons-nous la vie pour laquelle nous sommes faits ?
L’enfer c’est l’autre
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