Chris5867- 29/04/2022

Méfiez-vous des apparences

Alors que dans « Les Visages », Jesse Kellerman avait cassé les codes du thriller en imposant une intrigue originale, un rythme particulier et une construction en forme de poupées russes, avec « Jusqu’à la folie » il revient aux bases du genre et livre un thriller pur sucre, efficace et glaçant. Etudiant en médecine complètement surmené, Jonah assiste dans les rues de New-York, en pleine nuit, à l’agression d’une jolie jeune femme. Sans trop réfléchir, il intervient et dans la mêlée, l’agresseur est tué, lui est légèrement blessé et la jeune femme indemne. Cet acte de bravoure fait de lui un héros médiatique et la très jolie victime se rapproche de son sauveur, jusqu’à entamer une liaison avec lui. Mais très vite les choses dérapent pour Jonah, la famille de l’agresseur le poursuit en justice et la jeune et ravissante victime, Eve, commence à révéler une nature étrange, dérangeante, carrément inquiétante même… « Jusqu’à la folie », un thriller qui vous passera définitivement l’envie de vous conduire en héros en sauvant une belle innocence des griffes d’un prédateur ! Grace à une narration linéaire limpide, cette fois-ci en forme de spirale infernale, on assiste impuissant et pétrifié à la descente aux enfers d’un bon gars, qui se trouve embarqué malgré lui dans une histoire sordide qu'il mettra bien du temps à comprendre. Le piège qui se referme tout doucement sur Jonah est parfaitement crédible, toutes les menaces qui pèsent sur sa tête ne sont que suggérées mais suffisent à distiller une tension qui va crescendo jusqu’à une fin forcément sanglante et quand on y réféléchit, imparable. Un héros attachant, quelques (rares) pointes d’humour, un voyage aux confins de la folie ordinaire, de celle qui se cache dans la tête de gens « biens sous tous rapports », « Jusqu’à la folie » ne souffre que de tous petits défauts. Quelques digressions dont on ne comprend que tardivement l’intérêt (comme l’histoire de Shoona), quelques petites longueurs parfois, quelques personnages un peu too much (Lance ou le docteur Benderking) ne gâchent pas la bonne impression que laisse ce thriller efficace, à défaut d’être original.