Julien.Leclerc- 28/10/2021

Les forces imperceptibles de la vie

Dans ce roman équatorien, il faut croire aux forces de l’esprit, celles qui habitent avec les vivants et rappellent l’importance du passé, du vécu commun. Lucas décide de dialoguer enfin avec son père, mort et enterré, pour retracer l’histoire familiale. Menée à la première personne, cette introspection est un chemin étrange, entre rêves et mémoires réinvestis. À côté de Lucas, narrateur fébrile, nous découvrons les chocs de son enfance, le basculement émotionnel et la manière dont tout l’équilibre connu s’effondre. En plaçant cette histoire sous le prisme du conte, Natalia Garcia Freire aborde toutes les douleurs et les peurs de son protagoniste. À chaque instant, cet être nous semble flou, perdu entre l’enfance et l’âge adulte. Son histoire est importante et marquante, mais ce n’est qu’un enchaînement de coups au cœur et au corps. Lucas révèle peu de choses de son ressenti, nous sommes loin d’un roman psychologique. C’est par ses peurs, son observation du corps et des maux grouillants autour de lui. Les êtres humains perdent peu à peu leur place au profit de Dieu, de l’abstrait, des insectes. Leur peau meurt. Dès les premières lignes, l’autrice nous annonce un voyage au-delà du Temps et de la Vie. Lucas est étouffé par cette envie de plonger dans les entrailles de son père, de sa famille et de comprendre le Mal qui a rongé sa famille. L’autrice déploie un univers qui maltraite les corps, jalonné d’images fortes, dans lequel son narrateur tente de trouver la clé. Le passé le poursuit encore alors il décide de l’affronter et ce dialogue continue entre le fils et son père, entre le vivant et le mort, est une recherche de libération personnelle, de dépasser les ombres du passé.