Chris5867- 06/07/2022

Expérience de mort imminente

Il paraît qu’un petit pourcentage des EMI (Expérience de Mort Imminente) sont des expériences désagréables, voire traumatisantes. C’est à dire qu’au lieu de flotter dans la lumière douce du fameux tunnel de lumière, de revoir des visages connus et accueillants aux portes du Paradis, on a l’impression d’être aux portes des Enfers : lumière noire, musique dissonante et visages monstrueux et inquiétants. C’est ce genre d’expérience qu’à connu Anna, victime d’un très grave accident de la route et dans le coma pendant 15 jours. Pendant son EMI, elle a été confrontée à un homme inconnu qui la menaçait de mort. A son réveil, et on le comprend, Anna n’est plus tout à fait la même personne. Et à l’autre bout de Paris, la police commence à retrouver des cadavres énuclées. Devant les articles sur ces meurtres, Anna à un très désagréable sentiment de déjà-vu : sera-t-elle la prochaine, comme l’homme mystérieux le lui avait annoncé ? « Quelque part avant l’Enfer » est l’un des premiers romans de Niko Tackian. Il n’a pas encore son héros récurent, mais le policier de ce roman là porte déjà en lui les germes de ce qui deviendra plus tard le fameux Tomar Khan. Et puis l’intrigue, qui flirte allègrement avec le surnaturel, fait aussi penser à celle de « La nuit n’est jamais complète », même si le contexte est très différent. On a l’impression que « Quelque part avant l’Enfer » est une sorte d’ébauche de ses futurs romans et de ses obsessions ! La bonne idée, c’est de baser son intrigue sur les fameuses NDE (EMI en français), ces expériences fascinantes et dérangeantes qui posent plus de question qu’elles n’apportent de réponses. Elles servent de socle à une intrigue policière assez conventionnelle mais qui fonctionne bien, jusqu’à sa toute fin ou presque. Son personnage principal, Anna, est une femme complexe, au passé compliqué et à la personnalité parfois difficile à appréhender, voire même antipathique par moment. A coté d’elle, les autres ont l’air assez lisses, par comparaison. Jusqu’à deux chapitres de la fin, l’intrigue est un peu compliquée mais pas au point de décrocher. Les chapitres sont très courts, le style est sec et sans fioriture, il n’y a pas de longueurs, c’est facile et agréable à lire. Pendant tout le roman, on se perd un peu en conjectures, on croit tenir un coupable et puis non, le roman nous fait faire demi-tour. Et puis arrive le dénouement et là, ça dérape… Jusque là le roman tenait la route et on pouvait tout imaginer, tout envisager mais Niko Tackian, dans sa volonté de produire le rebondissement le plus choquant possible, est allé un peu (trop) loin. Il a choisi la fin la plus improbable et la plus tirée par les cheveux : ce roman est l’illustration du proverbe « Le mieux est l’ennemi du bien » ! C’est vraiment dommage ça cela laisse une impression étrange et deux questions une fois le roman refermé : A-t-on bien tout compris ? Peut-on y croire ? Pas sûr que la réponse soit « oui » dans les deux cas ! Si l’on excepte cette toute fin, de dénouement spectaculaire imprévisible et franchement improbable, le reste du roman est efficace et très agréable à lire.