StrikeTheSun- 25/08/2020

L'heure où il est trop tard pour être sauvé.

Iohann Moritz est accusé à tort d’être juif et est déporté loin de Suzanna, son épouse. D’abord condamné aux travaux forcés avec les autres victimes de la déportation, il sera ballotté selon le bon-vouloir de ses geôliers et d’un destin aussi capricieux qu’il est absurde. D’abord prisonnier, puis esclave, Moritz sera aussi un rouage humain dans une usine et tant d’autres choses jusqu’à devenir officier SS et à être traduit en justice à Nuremberg en 45. Tour à tour victime puis bourreau, il souffrira de n’être pas juif quand il aurait mieux fallu l’être et d’être considéré juif à des instants critiques. Le destin de ce héros “simple” est régenté par des systèmes bureaucratiques, hiérarchiques et autoritaires absurdes qui ne sont pas sans rappeler l’univers tourmenté et écrasant de Franz Kafka. C’est un livre très noir et terrible dans lequel la psychologie des personnages s’efface progressivement, au fur et à mesure que la guerre, l’esclavage et la bureaucratie les dépouillent de leur humanité. Il s’agit d’un texte dans lequel l’injustice et l’absurdité sont devenues des normes et dans lequel la société humaine a franchi le point critique de la vingt-cinquième heure. Comme l’exprime le personnage de Traian l’écrivain “C'est la vingt-cinquième heure, l'heure où il est trop tard pour être sauvé, trop tard pour mourir, trop tard pour vivre. Il est trop tard pour tout”.