« Fatherland » est un classique de l’uchronie que j’avais envie de lire depuis longtemps. Nous sommes en 1964 dans le Grand Reich Allemand. Comme les USA ne sont jamais entrés en guerre contre eux, l’Allemagne a gagné la guerre à l’Ouest et domine sans partage l’Europe occidentale. A quelques jours de la première visite officielle du président américain (Kennedy… sénior !) et d’une historique détente entre les deux pays, l’inspecteur Max March se retrouve à enquêter sur la mort apparemment accidentelle d’un nazi de la première heure, puis d’un second alors qu’un troisième vient de se volatiliser dans la nature. En acceptant l’enquête, sans le savoir, et au péril de sa vie, March vient de mettre le doigt dans un engrenage qui pourrait bien bouleverser l’Histoire de son pays, et peut-être même l’Histoire du Monde. L’uchronie (quand le romancier réinvente l’Histoire) est un exercice très difficile mais passionnant, surtout quand comme moi on a une passion pour l’Histoire. Le roman est très réussi d’abord parce que factuellement, il est très rigoureux : les personnages sont véridiques (mais leur destin est différent, forcément), les évènements de la Guerre relatés sont réels (Katyn, la conférence de Wannsee…) et du coup, l’intrigue de Robert Harris fonctionne à 100%. Même si son personnage est un peu stéréotypé (flic divorcé, solitaire, peu convaincu par les thèses nazies), il est très vite attachant, surtout quand il croise la route d’une journaliste américaine dont il a la (mauvaise ?) idée de s’enticher. Ses rapports avec sa hiérarchie, avec son fils (très endoctriné), tout est compliqué dans la Grand Reich. La réalité de l’Allemagne de « Fatherland » fait quand même sacrément froid dans le dos. Le pays est sous la coupe du fanatisme triomphant. La terreur nazie s’est tellement infiltrée dans les esprits depuis si longtemps qu’elle est devenue un élément de la société avec lequel on compose sans même s’en rendre compte. L’intrigue est assez facile à suivre et le dénouement, plus historique que policier, sonne presque comme « un retour à la normale historique ». La fin est un tout petit peu confuse, le sort des protagonistes étant laissé un peu en suspens, il manque à « Fatherland » quelques pages qui auraient pu expliciter les conséquences historiques de ce dénouement. Il y a un petit gout d’inachevé dans ce roman pourtant solide et passionnant. Pour qui aime l’Histoire (la Grande), les belles intrigues bien tenues et le suspens des polars, « Fatherland » est incontournable. Moi qui avais été très déçue par « le Maître du Haut-Château » et qui avait trouvé « 22.11.63 » trop peu ambitieux côté historique, je suis convaincue par « Fatherland », un must de l’uchronie, assurément.
Uchronie
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