Marie Nel- 30/05/2022

Plein de suspense avec ce polar historique

J'ai tout de suite été intéressée par le résumé. Tout simplement parce qu’il devait m’emmener à Londres en 1782, c’est une époque que j’aime retrouver dans mes lectures, qui donne une ambiance encore plus vieillotte à l’histoire. En plus, il va être question de meurtre, de suspense, ce qui rajoute pour moi une grosse dose de curiosité. Tout commence donc en septembre 1782, dans une soirée mondaine à Londres, Caroline retrouve son amie Lucia poignardée dans le parc. Celle-ci a juste le temps de lui murmurer « il sait » avant de mourir dans ses bras. Caroline en est toute remuée, surtout quand elle va découvrir que Lucia s’appelait Lucy Loveless et qu’elle était prostituée. Caroline se pose une multitude de questions, comme on peut se l’imaginer. Voyant que la police ne fait rien qu’au contraire, elle et tous les nobles ont tendance à étouffer l’affaire, Caroline comprend que quelque chose de louche se trame en-dessous. Elle décide donc d’embaucher un « attrape voleur », un détective privé du nom de Peregrine Child. Celui-ci va donc mener l’enquête, Caroline aussi. Ils vont découvrir qu’une autre femme a également disparu. Qu’est-ce qui la relie à Lucy, ça, c’est ce que le détective va chercher à savoir. Il va ainsi mettre les pieds dans un véritable sac de nœuds où les notables ont une vie dissolue et mouvementée, où les femmes ne sont que des objets, où la prostitution est un véritable marché et où, surtout, le silence règne. Caroline et Peregrine ne savent pas alors dans quoi ils vont s’engager… L’action démarre dès les premières lignes, on se retrouve très vite dans les faits, et ça, j’aime beaucoup. Je n’aime pas être trop baladée avant le meurtre qui est annoncé dans le résumé. Donc l’attention est tout de suite forte. On fait connaissance petit à petit des personnages. Caroline est une femme mariée, avec un enfant, qui vit seule depuis que son mari est parti aux États-Unis. C’est une jeune femme un peu naïve, secrète, qui cache des choses qu’elle ne veut pas voir révéler. Peregrine Child, de son côté, n’est pas mieux. Son passé n’est pas glorieux, il a des problèmes d’alcool. Bref, ce sont tous deux des personnages écorchés, avec des failles et des cicatrices. Mais ils sont loyaux et fidèles à leurs valeurs, et ce que les gens aisés font aux femmes les révoltent. Ils vont tout faire pour retrouver l’assassin de Lucy et savoir ce qu’il sait. D’autres personnages naviguent autour d’eux. On va suivre en parallèle, l’histoire de Pamela, qui a lieu six mois avant. Au début, je me suis demandée ce qu’elle pouvait bien faire là, mais petit à petit, j’ai mieux compris son rôle. Tout comme les enquêteurs, les pièces du puzzle se sont peu à peu mises en place. Les personnages sont très nombreux. Ce serait là mon seul défaut, car j’avais parfois du mal à me rappeler qui était qui. Heureusement, l’autrice a eu la bonne idée de mettre en début de livre, la liste des personnages les plus importants et leurs rôles surtout. Cela m’a beaucoup aidée à m’y retrouver. Et en même temps, l’intrigue fait que tant de personnages sont essentiels et quasiment obligatoires pour donner une histoire aussi riche. Le livre fait quand même presque six cent pages, il n’y a jamais aucun temps mort, tout s’enchaîne. Lorsque je croyais trouver la clé de l’énigme, un nouvel indice ou un nouveau fait venaient tout remettre en question. Je ne sais pas comment a fait l’autrice pour rédiger son roman, mais elle a dû faire un gros travail en amont pour donner ce résultat. Elle donne d’ailleurs ses sources en fin d’ouvrage, elles sont nombreuses et montrent justement que tout est précis et réel dans ce que dit l’autrice. Elle a également fait des recherches pour rendre si réel le Londres de 1782. Il n’y a pas trop de descriptions, cela peut être dommage parfois pour visualiser une scène, mais j’ai trouvé, pour ma part, que c’était suffisant, car on serait vite arriver à mille pages. Les événements se suffisent à eux-mêmes et sont déjà bien nombreux pour ne pas en rajouter avec des longueurs de descriptions. Les faits sont bien détaillés, les personnes et le milieu dans lequel elles évoluent le sont également. Le monde de la noblesse ne comporte pas toujours de belles âmes. L’autrice dépeint très bien ce monde de débauche, l’abus fait aux femmes, les tromperies et les coucheries, les maladies qui en découlent. Elle dépeint vraiment très bien cette société qui n’a de haute que le nom. Il n’y a pas d’attachement particulier envers un personnage. Je me suis attachée à Caroline, mais aussi à Lucy ou à Pamela, à toutes ces femmes qui ont été abusées. Peut-être aurait-il pu y avoir un peu plus de profondeur dans le personnage de Caroline, il y avait matière à faire, avec sa condition roturière, son mariage avec un homme qui ne l’aime pas, sa recherche de bonheur et d’amour dans d’autres bras. Mais c’est vraiment jouer sur les détails. Je veux dire par là, que les autres femmes ont autant de place que Caroline, son personnage ne prédomine pas par rapport aux autres. La narration à la troisième personne fait aussi que j’ai gardé mes distances avec les personnages. Ce qui est non négligeable dans une telle histoire de meurtre. Cependant, je pense que je me serais plus attachée à Caroline s’il y avait eu une narration à la première personne. Cela m’aurait permis de plus m’identifier à elle. Mais cela ne m’a pas empêchée du tout d’apprécier ma lecture. Une lecture qui s’est d’ailleurs fait de différentes façons. J’ai lu très vite les cent cinquante premières pages, je les ai trouvées captivantes, avec beaucoup de rythme. Celui-ci ralentit un peu ensuite, et il reprend sa course folle aux cent dernières pages. À ce moment-là, je n’ai pas pu lâcher mon livre, le suspense est à son comble, on commence à voir toutes les pièces s’emboîter, il faut attraper le ou les tueurs, c’est très palpitant. Pour en arriver à un final époustouflant, avec des révélations auxquelles je ne m’attendais pas. J’ai eu un peu plus de peine dans le milieu du livre, où il y a quelques longueurs, mais je les comprends aussi, elles sont là pour mieux se mettre dans l’ambiance et mieux comprendre la société d’alors. La multitude de personnages fait qu’on ne s’ennuie jamais. Les chapitres sont assez courts et alternent entre plusieurs personnages, Caroline, Peregrine ou Pamela. Et cela rajoute beaucoup de rythme à la lecture. J’ai apprécié cette lecture qui m’a permis de passer un bon moment où j’ai pu oublier mon quotidien. C’est le second roman de Laura Shepherd-Robinson, le premier, Blood & Sugar, est sorti en poche et le personnage principal est le mari de Caroline. J’ai très envie de retrouver cette atmosphère et ces personnages pour en apprendre plus encore sur eux. J’ai lu ce second roman sans avoir lu le premier et cela ne m’a pas du tout dérangée et empêchée de comprendre cette histoire. Une chose est sûre, je vais suivre l’autrice de près car j’aime beaucoup son style. Je ne peux que vous recommander la lecture de ce roman que l’on pourrait classer dans du Polar historique. Si vous aimez le suspense, l’ambiance suranné du vieux Londres, vous allez vous régaler. Et vous verrez que ce petit pavé se lit vraiment bien.