Lou Knox- 08/08/2022

L’invention de Morel

Le truc, c’est que j’ai mis un certain temps avant de comprendre où Bioy Casares essayait de m’emmener. J’ai même eu du mal à comprendre le récit, un récit à la limite du fantastique mais dans lequel nos repères sont uniquement basés sur ce que nous transmet le narrateur. J’ai lu très peu de romans argentins (peut-être quatre), mais celui-ci diffère énormément de ce que j’ai pu voir jusqu’à présent. On dirait un mauvais trip sobre sous acide, sobre mais complexe dans la langue, dans la richesse de la langue, dans les possibilités qui existent. Un cauchemar sans fièvre aux allures de paradis inquiétant.

Est-ce que le narrateur a des visions ? Est-ce qu’il est au purgatoire ? Comment les éléments naturels, météorologiques, les espaces géographiques de l’île peuvent-ils se confondre autant ? Comment les personnes qui semblent peupler l’île peuvent-elles se conduire sans logique aucune ? La réponse n’arrivant qu’aux 3/4 du roman, il faut accepter de se faire malmener, d’être dans un inconfort éternel semblable à celui qu’est en train de vivre l’homme. Bioy Casares aborde l’immortalité, le suicide, le perpétuel recommencement. On dirait un subtil mélange entre la série Lost et Seul au monde, avec cette ambiance toujours prompte à tordre une réalité, cette réalité qu’on a du mal à laisser de côté. Et, je serais donc bien infoutu de vous dire si j’ai aimé ou pas. Par contre c’est une très bonne expérience de lecteur, vraiment, pour son originalité et sa façon de dérouter ! À vous d’voir !