Jmgruissan - 25/10/2020

Plus jamais noir

Avec Black No More, plus jamais noir, on rentre dans un texte unique, Schuyler pointe de façon humoristique les contradictions du racisme. Ecrit dans les années 30 aux Etats-Unis, il révèle l’absurdité des logiques du suprématisme blanc basé sur la couleur de peau. Mais cette critique s’adresse à chacun, les blancs, les noirs, les métisses, les plus blancs que blancs, un délire que l’auteur assume jusqu’au bout, tout en décrivant les enchainements parfois mortifères de la bêtise. Si les noirs devenaient blancs, le racisme disparaitrait-il ? C’est le pari que fait le Dr Crookman en inventant un mystérieux procédé qui permet de blanchir les peaux noires et de modifier leurs traits. L’entreprise Black No More est lancée et connait un succès fulgurant. Max, jeune habitant de Harlem, voit dans ce traitement l’opportunité de sortir du ghetto et d’assouvir ses désirs de devenir riche et de séduire une belle caucasienne qui l’a superbement éconduit. Il est le premier à changer de couleur de peau et à découvrir la réalité du monde des blancs. Schuyler a bien observé et analysé la société américaine des années 30, il délivre une contre-utopie humoristique. Il a écrit dans plusieurs journaux influents de la communauté noire et Black No More est devenu un classique de la littérature américaine. A la lecture de ce livre, on s’aperçoit qu’il faut toujours quelqu’un de différent, un bouc-émissaire, pour lui faire assumer nos erreurs, nos faiblesses, notre bêtise. Black No More est l’ingrédient révélateur d’un complexe de supériorité malheureusement inscrit dans les cultures humaines.