BookLy- 27/12/2022

Toujours aussi bon

📚 Une relecture. Sélectionnée au hasard, pour la musique d'une plume amie. Pour ne pas encaisser une déception de plus cette semaine, la déception de trop, celle qui ferait basculer. Il suffirait de rien. Presque rien. 🍷 Bandini, c'est toi. Svevo et sa violence mal contenue. Parce qu'il faut accepter, bordel, accepter d'être trop vieux maintenant pour que l'avenir contienne encore tous tes rêves. Tu tires le diable par la queue, il ne se retourne pas le goujat. Les dettes sont des pièces de collection, et parfois tu n'y peux rien, parfois tu leur en veux à tous, la femme, les gosses, tu leur en veux d'être les barreaux de ta miserable prison. 🙏 Bandini, c'est vous. C'est Maria et ses prières, l'eau bénite lui monte aux yeux, protégez les enfants, mon Dieu, protégez mon mari même quand il boit, notre amour même quand il boîte. Petite Maria emmitouflée dans sa dignité mitée, trouée au col, trop courte aux manches. Quand il faut supplier quelques livres de viande, de la farine, des légumes... Maria trompée. Svevo découche, elle s'écroule. 🙎 Bandini, c'est lui. Le petit garçon plus si petit. Les poings aussi durs que les coups du père, que la honte du père. Ouvrier raté, à peine bon à picoler, il peut gueuler le paternel, il peut gueuler, n'empêche qu'il est pas capable de nourrir sa famille. Arturo fuit la maison. Bringuebalé entre des restes d'enfance et des colères démesurées. A vouloir mieux pour ceux qui le déçoivent. Alter ego de John Fante. 🤍 L'ambivalence des sentiments met en exergue ces années difficiles, quand on ne sait pas encore bien qui on est. Arturo fier de son père adultère, puis qui en veut à la mère de ne pas savoir le garder. Arturo qui repousse cette mère pieuse, piteuse, et toujours la protège. 🤍 C'est un roman d'une tendresse folle, si on ne craint pas le tranchant des mots.