L’apocalypse est pour demain, Petra en est certaine après être venue à bout de ses 64 équations : l’atmosphère va s’évaporer le 21 septembre 2011 à 21h20 heure suédoise. Déprimée par cette issue inéluctable, elle rencontre Johann, un jeune homme simple, très simple, qui va la convaincre de régler quelques comptes avec son amour de jeunesse avant l’issue finale. Cette escapade de rien du tout va faire boule de neige, une boule de neige gigantesque improbable qui terminera sa course aux pieds de Barack Obama.
Depuis « le Vieux qui ne voulait pas fêter son anniversaire », Jonas Jonnasson est l’écrivain feel-good que je choisis lorsque j’ai envie d’un roman absurde, drôle et gentiment amoral : une parenthèse de joie simple au milieu de la grisaille du monde. « Dernier gueuleton avant la fin du monde » coche les cases de toute sa bibliographie : des personnages improbables, soit parfaitement dénués de morale, soit d’un cynisme assumé, soit d’une candeur totale s’embarquent pour des aventures tout autour du monde, qui les fera rencontrer les grands de ce monde (Ban-Ki Moon et Barack Obama dans le présent roman). Johan, finalement le personnage principal du roman, est un grand benêt très inculte, très limité qui n’a qu’un seul talent : la cuisine. En pur autodidacte, il a appris à cuisiner comme un chef et ses repas 5 étoiles parsème le roman (et ouvre quelques portes). C’est lui, sa naïveté et ses petits plats qui emporteront la petite troupe au sommet du monde. J’avoue aussi avoir eu de la tendresse pour Agnès, 70 ans, instagrameuse faussaire, fausse ingénue et vrai génie du mal ! L’épisode « Bvlgari » est savoureux. Le roman, où bien entendu rien n’est crédible, met en scène de façon apparemment désordonnée un dictateur africain, la mafia russe, la société LVMH, le fromage suédois, les banques suisses, un chauffeur routier danois cocu, Instagram, et j’en passe… C’est « picaresque », ca se lit sans aucune difficulté, c’est souvent drôle et on sait que cela va bien se terminer pour la petite équipe qui, même si elle cède parfois à la délinquance (financière ici) le fait toujours pour de bonnes raisons. Jonnasson n’hésite pas à, mine de rien, lâcher quelques scuds ici ou là sur tel personnage public, sur tel évènement historique. C’est fait mine de rien, avec le sourire mais ça fait mouche. Le roman n’est pas du tout inoubliable et il est en deçà je trouve de la saga « Alan » qui m’avait fait pleurer de rire. Il fait passer un bon moment, se lit facilement en dépit de ses 515 pages, et laisse derrière lui le souvenir fugace mais agréable d’une aventure gourmande aussi amusante que fantaisiste : un roman à mettre à côté de ses antidépresseurs sur la table de nuit.
Ça va péter... ou pas !
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