2016, quelques jours avant Pâques dans les toilettes d’un pub irlandais parisien, un homme au passé de terroriste est retrouvé mort, une balle dans la tête et dans chaque genou. Dans une ville sous état d’urgence et encore traumatisée par les attentats de 2015, l’équipe du Capitaine Mehrlicht (flanquée d’une toute nouvelle stagiaire souffre-douleur) va se retrouver au cœur d’une enquête qui sent la poudre, qui mêle guerre civile, fanatisme religieux et terrorisme.
C’est avec un vrai plaisir que je retrouve l’irascible Mehrlicht et son équipe, sa hiérarchie, ses enquêtes, son humour et... sa vendetta personnelle contre Julien Lepers (voir les tomes précédents). Et c’est aussi avec plaisir que je retrouve le style et l’humour de Nicolas Lebel dans ce qui pourrait être à mes yeux, le meilleur roman que j’ai lu de lui à ce jour. Il nous emmène ici dans une intrigue qui sent fort l’intégrisme religieux et l’endoctrinement fanatique, au cœur de l’année 2016, sauf que dans « De Cauchemars et de Feu », le fanatisme intégriste est catholique, le terrorisme est incendiaire, la Guerre Civile est celle de l’Irlande du Nord. Ente les chapitres chronologiques de l’enquête (sous forme de compte à rebours, l’intrigue ne tenant que sur quelques jours), Lebel déroule des flash back de 1969 à 1973 essentiellement, et raconte avec une acuité impressionnante la violence inouïe des affrontements de Derry, le Bloody Sunday, les attentats de l’IRA, les provocations des loyalistes, la répression policière puis militaires, les groupes dissidents, les meurtres gratuits jamais punis, les emprisonnements sans procès, le fanatisme, la torture dans les prisons britanniques, les exécutions sommaires, bref, tout ce qui implique une Guerre Civile comme horreurs absolues. Ces chapitres ont très instructifs en plus d’être parfaitement terrifiants. Et puis, en 2016, l’enquête difficile de la police parisienne, coincée entre sa hiérarchie et Scotland Yard venu fourrer son nez dans l’investigation. Cela peut paraître confus par moment car l’incendiaire en série, totalement fanatique et illuminé, en roue libre, tue des protestants comme des anciens de l’IRA dans un autodafé jusqu’au boutiste qui est difficile à comprendre pour un lecteur normalement constitué et équilibré dans sa tête. Le récit est clair en dépit de la complexité du conflit Nord-Irlandais, et Lebel n’oublie pas les vies personnelles de ses personnages. La fin est d’ailleurs pour eux l’occasion d’un tournant, certains quittant la scène et d’autres envisageant sérieusement de le faire. Et puis il y a Mehrlicht, son mauvais caractère, et son obsession pour « Question pour un Champion ». Il se prépare activement à affronter Julien Lepers (avec qui il a un conflit personnel) et personne n’ose lui dire dans son équipe que c’est désormais Samuel Etienne qui est aux commandes ! C’est plein d’humour et de malice, avec un soupçon de mauvais esprit aussi, c’est un roman noir efficace, effrayant et fort instructif, en plus d’être passionnant.
Radicalisation et terrorisme
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