Rchris- 25/03/2024

L'amour ne dure pas trois ans

C'est Le Beigbeder de 1997, le fêtard des soirées de l’outrance, le publicitaire des saillies trouvant un slogan de parfum qui lui rapporte 50 000 francs : “Hypnose de Copperfield. Sinon, l’amour dure trois ans.” Et en plus qui recycle son titre ! Car si le narrateur est Marc Marronnier, on ne voit que le personnage de Beigbeder derrière le masque qu’il ne peut d’ailleurs pas conserver jusqu’au bout : “Marc Marronnier est mort. Je l’ai tué. A partir de maintenant il n 'y a plus que moi ici et moi je m’appelle Frédéric Beigbeder”, dit-il une page avant la fin. L’auteur fait du tir au pigeon sur le mariage, sur l’amour et sur lui-même avec des scènes sans concessions, dont une si crue qu’elle devrait choquer tout un chacun et lui-même s’il devait la relire aujourd’hui, maintenant qu’il est devenu clean ! Bien sûr, j'entends dire que c’est nombriliste, plaintif à mourir… Le livre est clivant, avec ceux qui l’ont lu à reculons et ceux qui raillent sa littérature. Pour ma part, dans la catégorie “carnet de notes” d’un auteur, j’attribue 5* pour son humour : “C’est peu dire que nos retrouvailles furent agréables. Cet après-midi de plaisir pourrait servir de mètre-étalon à Sèvres au rayon “jouissance sexuelle entre deux êtres humains de sexes complémentaires””, pour ses aphorismes : “L’amour le plus fort est celui qui n’est pas partagé”, pour ses punchlines : “Les mecs c’est comme les poivrons, faut les faire mariner”, mais aussi pour ses jolis mots d’amour : “Tout est beau avec toi, même moi.”  Enfin, jouant du paradoxe d’un joyeux drille pessimiste, il conclut de manière optimiste en indiquant que son titre est mensonger : “Bien sûr que l’amour ne dure pas trois ans ; je suis heureux de m’être trompé.” Je suis content de savoir qu’il me reste à voir le film tourné par l’auteur qui a donné le rôle principal à Gaspard Proust.