John Hammond- 24/11/2022

Pas forcément excellent

Pas de réelle déception tout au long du (long) recueil mais pas de claque jouissive non plus, on les enchaîne sans reprendre notre souffle parce qu'il n'y en a pas besoin. Un rythme de croisière, très tranquille, où la qualité, omniprésente, n'oscille pas d'un extrême à l'autre. "Brume" a un énorme potentiel et offre de superbes cadeaux d'horreur et d'épouvante, avec une gratuité bienvenue dans la brutalité et l'aberration des créatures au fond assez indescriptibles. Ça pêche au niveau des personnages et de leurs réactions pour le moins étranges... Dans un roman on comprendrait peut-être pourquoi le héros s'envoie en l'air avec une inconnue dès la première nuit à l'Intermarché du coin, là ça ne passe pas, trop peu de temps s'est écoulé depuis le début des réjouissances, pas assez pour un désespoir et un abandon complets. L'ambiance de fin du monde s'installe en deux temps trois mouvements pour des causes pas franchement convaincantes au tout début du phénomène : on s'enferme parce qu'il y a un drôle de brouillard, des sirènes de pompiers et un type qui nous dit que c'est dangereux. Là encore, c'est fait en deux lignes alors que ça demande plus de texte ici et plus de temps dedans. Idem pour la dérive fanatique express. Sinon quel pied que cette histoire, ce crescendo glaçant et cette atmosphère glauque (à l'extérieur, le huis-clos intégral m'aurait pour le coup déplu) "Nona" fonctionne à la perfection, une nuit de cauchemar dans la tête d'un malheureux psychopathe, amoureux pitoyable. Même les souvenirs du bonhomme sont du bonheur à lire et s'insèrent totalement à son présent peu enviable. "La ballade de la balle élastique " est la meilleure nouvelle du recueil, celle qui nous emmène loin de ce qu'elle laisse présager dans les premières pages. King assure une fois de plus en écrivant sur... l'acte d'écriture. Les relations entre les professionnels du métier, le train-train d'un auteur à son travail, surtout son rapport à l'inspiration, aux mots qui viennent, qui coulent de son esprit comme si un souffleur lui donnait la solution à chaque œuvre... J'avais oublié cette histoire, idiot que je suis car c'est bien la seule que j'ai dévorée avec autre chose que du plaisir : de l'avidité. "Le singe" m'a très vite désappointé parce qu'une fois la menace identifiée, dès le début en fait, qu'en retenir ? à part un prétexte qui aurait dû tourner encore plus court ? En cela, le récit ressemble trop à "L'homme qui refusait de serrer la main", des malédictions qui me laissent indifférent, qui ne m'amusent pas vraiment. "L'image de la Faucheuse " relève du génie, celui d'Edgar A. Poe pour ainsi dire. Cette tache obsédante dans le reflet qu'on n'a plus le droit de quitter... C'est bref mais ça en raconte tellement. Pas de corps, pas de protestation de vérité (ça devient vite lassant les "je vous jure que c'est vrai " à chaque texte), pas de héros à approfondir. Il ne faut pas grand-chose, ce qui est beaucoup. Pour le reste, c'est divertissant à défaut d'être marquant ou traumatisant (bon, "Le radeau " est la petite exception, mon plaisir pas coupable). Et je pose la question de la quantité : 830 pages de textes courts... On en redemande quand c'est tout le temps au top, hélas ce n'est pas le cas ici. Peut-être que j'aurais dû les grignoter au lieu de me faire tout le paquet.
cover
Shelf Cover

Brume

Poche

Stephen King

Fantastique, Terreur

Prix neuf
Se procurer