« La mort, entre autres » prends immédiatement la suite de la trilogie berlinoise et l’on retrouve avec plaisir Bernie Gunther, même si au début du 1er chapitre il se trouve dans une position délicate et que… ca n’ira qu’en empirant. Dans cette aventure, que j’ai trouvé plus claire, plus construite, plus passionnante encore que celles de la fameuse trilogie, Bernie va succomber aux charmes féminins, va se retrouver aux mains de gens qui lui veulent beaucoup de mal et encore une fois, il lui faudra user de son humour désespéré pour espérer s’en sortir sans trop de dommages. De Munich à Garmisch-Partenkirchen, en passant par Vienne, Bernie va devoir composer avec l’encombrant tatouage qui orne son bras. Nous sommes en 1949 et la guerre froide est bien installée. Dans une Allemagne pas du tout dénazifiée, Gunther est à la merci des évènements. Lui qui a été intégré dans la SS (en tant que policier) sans jamais avoir été nazi, le voilà traqué par la justice militaire américaine d’abord mais surtout par des milices juives. Il devra se tourner vers les gens bien peu recommandables pour se sortir d’un pays en pleine mutation, où l’on cherche à faire payer quelques uns pour exemple afin de s’affranchir de dénazifier réellement. Des exactions dans les camps aux expériences médicales, du recrutement par les américains de médecins nazis à la mansuétude du Vatican envers les anciens SS, le portrait d’une époque troublée est parfaitement brossé par Philip Kerr, comme il sait le faire, avec un héros attachant, pétri de petits défauts et de jolies qualités. L’intrigue est compliquée et le puzzle ne se met en place que tardivement mais prise dans son ensemble, elle est plus claire et très cohérente, et je me suis laissée surprendre par les petits rebondissements successifs. Comme d’habitude avec Gunther, sa vie croise celle de vraies personnalités historiques et, après Göring, Nebe ou Himmler, c’est un autre nazi très célèbre qu’il côtoie dans les derniers chapitres. La fin laisse entrevoir une suite plus… exotique. Je souligne enfin que le prologue de « La mort, entre autres » mériterait un roman à lui tout seul et on se demande longtemps ce qu’il sous-entend au regard de l’intrigue (la solution vient très tard). Ce long prologue se déroule en Palestine en 1937 et les événements qu’il décrit, s’ils sont avérés (et je pense qu’ils le sont), mériterait vraiment qu’on creuse : de la rencontre entre les nazis et la Haganah au rôle du grand Mufti dans la Solution Finale, ce prologue est historiquement choquant dans tous les sens du terme.
Bernie Gunther après la trilogie
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