dumerveilleux- 10/02/2022

Merveilleux voyage et vulnérabilité

Smithy Ide vient de perdre ses parents. Il est américain, il a la quarantaine, sa vie se résume à son obésité et aux bières qu'il descend devant la télé. Après les funérailles, seul dans la maison de ses parents, Smithy se heurte aux fantômes du passé. Il y a Norma, la voisine en fauteuil qu'il a ignorée des années durant, se contentant de deviner sa présence derrière les stores qui bougeaient. Il y a ce courrier qui fait référence à la dépouille de sa sœur Bethany, que son père venait d'identifier grâce à une comparaison dentaire. Et puis ce vélo, dans le garage, compagnon de jeunesse et relique d'une époque où Smithy parcourait la région pour aller pécher. Qu'a-t-il fait de sa vie? Qu'est-il arrivé à sa sœur ? Depuis quand n'a-t-il pas pédalé ? En se remettant en selle, Smithy se met aussi en quête. Il entreprend un périple cycliste à travers le pays. Son corps se met en mouvement vers un ailleurs inconnu en même temps que son esprit sonde ses souvenirs. Smithy reprend vie. Voici un livre qu'on m'a offert et qui m'a fait vibrer. J'ai adoré rencontrer ce personnage presque anti-heroïque comme si je l'avais croisé, un pneu crevé, au bord de la route. Ron McLarty raconte une histoire de famille extrêmement touchante car centrée sur la vulnérabilité. Il exploite à merveille tout ce qu'on ne dit pas et qui finit par se répandre comme un brouillard entre les gens. "J'ai rêvé de courir longtemps" porte un incroyable espoir tout en remettant au centre du propos des apparentes banalités pourtant essentielles : où manger, où dormir, contempler la nature, réparer le passé, se regarder et se parler, s'entraider, faire confiance.