Chris5867- 01/10/2022

Mehrlicht en deuil

Le Capitaine Mehrlicht est en deuil, son vieil ami Jaques à finalement été vaincu par le cancer. Alors qu’il s’apprête à prendre quelques jours de repos pour noyer son chagrin, il est convoqué par le notaire de son ami qui lui a légué, entre autres babioles, un diamant. Le souci, c’est que ce diamant est porté disparu depuis plusieurs années, lui est plusieurs œuvres d’art ont été volées lors du déménagement de deux musées, déménagement qui a eu lieu sous la responsabilité de Jacques. Mehrlicht, soucieux de préserver la réputation de son ami, accepte de collaborer avec la brigade spécialisée, l’OCBC. L’enquête prend un tour tragique lorsque les protagonistes impliqués à l’époque dans le déménagement commencent à se « suicider » l’un après l’autre. Quel plaisir de retrouver l’équipe haute en couleur de l’impayable capitaine Mehrlicht pour cette nouvelle enquête, cette fois-ci dans le monde feutré du trafic d’œuvres d’arts. Enfin feutré, il faut le dire vite car deux ex-légionnaires reconvertis mercenaires tuent et torturent à tour de bras les témoins gênants tout au long du roman ! Si l’intrigue de base est parfaitement claire et intéressante à suivre, le roman vaut surtout pour sa galerie de personnages. Qu’ils soient récurrents ou des passages, ils ont tous une personnalité forte, affirmée, parfois excessive. Ici, la palme revient à Cuvier, un capitaine de police hautement incompétent. Lecteur assidu du magazine « Le Point », ce qui l’a rendu très con (Nicolas Lebel a visiblement un sacré compte à régler avec « Le Point »), Cuvier est une caricature d’imbécile à haut potentiel de nuisance, les pires… L’enquête est double, car Mehrlicht d’un côté et son équipe de l’autre sont sur la même affaire et ne s’en rendent compte qu’à la moitié du roman. Parallèlement, deux tueurs impitoyables suivent également le même itinéraire, pour faire le ménage. Il y a aussi des sous-intrigues, notamment concernant Dos Santos et ses anciens amis encombrants d’extrême droite dont il n’arrive pas à se débarrasser. Ces sous-intrigues sont là pour donne rune colonne vertébrale à toute la saga, une sorte de fil rouge. Tout cela est raconté dans un style très fluide et agréable, perpétuellement teinté d’humour. Par exemple, au détour d’une ligne, on évoque un cadavre qui s’appelle Olivier Roneck, une « private joke » d’un gout délicieux s’il en est !Et puis, ce que j’apprécie tout particulièrement, Lebel ancre ses intrigues les deux pieds dans l’actualité, évoque sans détour les politiques, les faits d’actualité, tout cela rend ses intrigues modernes, crédibles et efficaces. Si quelquefois certains personnages peuvent paraître un peu outranciers, c’est pour mieux nous les rendre attachants ou drôles, parfois les deux à la fois. Comme pour les romans précédents la fin est trépidante, en forme de course contre la montre et de chasse au trésor. Elle est aussi plus noire et tragique je ne l’avais imaginé. Au final, la seule chose un peu décevante dans ce roman, c’est son titre bateau et sans imagination, Sinon, pour le reste, c’est tout bon.