Chris5867- 27/02/2023

Père et passe

Bruno Martin, à 30 ans, n’a pas fait grand-chose de sa vie. Il est traducteur mais il glande trop pour parvenir à en vivre, il est agoraphobe depuis deux ans et passe son temps chez sa copine (qui l’entretient) à regarder des bêtises à la TV en fumant des joints. Un jour, une ancienne petite amie du lycée le contacte et insiste pour le revoir… En fait, c’est pour lui apprendre qu’il a une fille de 13 ans qui veut le connaitre. Passé le premier choc, Bruno accepte avec réticence de rencontrer Nancy. Il découvre une gamine de 13 ans, pré ado, un peu en révolte contra sa mère. Entre le pré ado et le trentenaire immature, la cohabitation est difficile, pour Bruno c’est peut-être le déclic tant attendu… ou pas ! Virginie Despentes sait parfaitement dépeindre le quotidien et la psychologie des types paumés, cyniques, blasés et sans avenir, quelques années avant de multiplier les portraits de looser dans « Vernon Subutex », elle s’est essayée au portrait unique à la première personne. Assez court, agréable à lire, « Teen Spirit » est certes moins flamboyant et acide que « Vernon Subutex », beaucoup plus réaliste et terre à terre aussi. Ici, c’est un type complètement à la masse qui se retrouve bombardé père d’une gamine déjà presque en pleine crise d’adolescence, « Teen Spirit », c’est la rencontre de deux immaturité, une qui est normale à 13 ans, et l’autre qui l’est quand même franchement moins, à 35 ans passé. Bruno Martin est carrément pathétique au début du livre, antipathique même, on peut le dire. Et puis, ce petit bout de gamine le secoue, le force à intégrer un rôle qu’il n’aime pas, celui de l’autorité, fait voler ses certitudes en éclat, chamboule sa vie quotidienne faite de joints, de TV réalité et de glande non stop. A la fin du roman, il n’est plus tout à fait le même, les pieds un peu plus sur Terre, mais sans exagération quand même… Un roman assez court et ramassé, plutôt facile et sympa à lire et qui pourrait s’avérer être une porte d’entrée plus facile dans l’univers de Despentes que le monstrueux « Vernon Subutex ».