Alexandra_Z- 07/05/2022

Une fresque historique qui finit par nous emporter et nous marquer 👶🏾👶🏻

Le début de ma lecture ne m’a pas emballée. L’auteure nous met face à de nombreux personnages, plusieurs narrateurs s’alternent, et j’étais franchement perdue. En plus, je redoutais les clichés. Mais je n’aime pas interrompre une lecture. Ma persévérance a payé puisque je me suis laissée emporter par cette saga complexe dont l’action se déroule dans une filature de coton. Le ton est donné dès la première phrase : « Genus Jackson fut mis à mort dans le comté de Géorgie, au cœur d’une nuit de l’été de l’année 1930, alors que les jumeaux qui venaient de naître dormaient à poings fermés ». Le roman s’ouvre sur le lynchage d’un ouvrier agricole de couleur accusé d’avoir violé Elma, la fille d’un métayer blanc de la région. Pourquoi l’accable-t-on ? Parce que les jumeaux qu’Elma a mis au monde n’ont pas la même couleur de peau. Eleanor Henderson aborde évidemment la ségrégation raciale, ce système abominable qui ne cessera jamais de me choquer par sa violence et son non-sens. Mais l’autre grand sujet qu’elle aborde et qui rend le roman passionnant, c’est celui de la filiation. Dans un système patriarcal et raciste, les hommes violent les femmes pour ensuite ne pas assumer leur paternité. (« Tout le monde sait comment faire des bébés mais personne sait comment faire des papas » comme dirait ce cher Stromae). Ajoutez à ce milieu bien sympathique l’alcool distillé de la contrebande (nous sommes en pleine prohibition) et vous avez un florilège de ce qui ôte toute humanité à la gente masculine blanche. Je conclue sur une phrase du roman : « Il y a peu de choses que les femmes puissent faire dans ce monde. Mais s’il y en a bien une, c’est empêcher les hommes de verser le sang. » Et vous, vous l’avez lu ? Il vous tente ?

Gwladys Nialon

Je n'ai pas persisté comme vous! Lu une centaine de pages sans plaisir

376 jours