Pierre- 31/10/2023

Une suite qui transcende l’original !

« Vingt ans » ont passé depuis les événements narrés dans « Les trois mousquetaires ». D’Artagnan n’a eu comme unique avancement, l’attribution du rang de lieutenant des mousquetaires. Au service de l’impopulaire cardinal Mazarin, pour lequel il n’éprouve pas une grande sympathie, mais qu’il est obligé de servir à cause de son serment à l’égard de la régente. Ce dernier va lui demander de retrouver ses anciens compagnons : Athos, Porthos et Aramis dans le but d’une mission spéciale. Dans un royaume divisé par la Fronde des princes et du parlement ; D’Artagnan va découvrir que si certains de ses anciens compagnons de fortune sont passés dans le camp adverse. Une fois les quatre réunis, leur amitié indéfectible renaît, et dans l’adversité se resserrent les liens que les troubles en France et dans l’Angleterre de Cromwell ne sauront défaire. Plus que dans l’aventure précédente, « Vingt ans après » illustre à merveille la fameuse devise : « Un pour tous, et tous pour un ». Cette suite laisse davantage la place aux intrigues, le contexte politique étant complexe, cela se ressent dans les rapports entre les personnages. Dumas essayant de coller avec exactitude au contexte historique, le récit est par conséquent moins épique. De mémoire, il faut attendre les 300 pages pour relever la première scène d’action. Il évite aussi cette tendance, que j’ai pu relever dans l’opus précédent, de résoudre des enjeux avec l’intervention de personnages extérieurs au récit. L’auteur prend le temps de poser son intrigue, développe intelligemment ses personnages, et prend en compte les événements développés dans le livre précédent. Ainsi, le lecteur découvrira que l’issue de l’arc narratif de Milady du premier livre, entrainera des conséquences dangereuses et dramatiques dans celui-ci. En engendrant, notamment, un sentiment de culpabilité chez nos héros. Découvrir les mousquetaires vieillissants a quelque chose d’attendrissant. Il plane un parfum de douce nostalgie, renforcé par les nombreux rappels au premier livre. Il est dommage de constater que ce dernier a complètement éclipsé une suite - que j’estime personnellement supérieure - et dans le même temps, voir l’incrédulité de nombreux lecteurs, ignorants que Dumas avait en réalité écrit une trilogie à ses mousquetaires.