Troisième et dernier volet de la saga Subutex, après un deuxième tome un peu décevant et déconcertant, on retrouve ici tout le lyrisme du premier roman avec exactement les mêmes qualités. Les personnages sont désormais bien connus (encoque que certains vont disparaitre au début du roman et d’autres, complètement nouveaux, apparaitre subitement à la fin), avec leur caractères entiers, leur cynisme chevillés au corps et leur avis tranchés, jamais encombrés de nuance, outranciers dans leurs opinions comme dans leur attitudes. On retrouve la bande à Subutex dans la vie communautaire où on l’avait laissé à la fin du tome 2, mais cette nouvelle façon de vivre ne va pas perdurer, à cause de l’argent, des ego, à cause d’une société qui ne vous laisse finalement jamais vraiment vivre en marge d’elle. Jusqu’à trois chapitres de la fin, on suit les aventures due Subutex, de Céleste, d’Aicha et des autres, toujours avec la même gourmandise, mais en se demandant bien où Virginie Despentes veut en venir à la fin. L’intrigue se situe en 2015, en pleine vague d’attentat et cela imprègne douloureusement la seconde moitié du livre. Au passage, Despentes taille une petite croupière bien sentie à la série « The Walking Dead » dans un chapitre assez succulent. Même quand on est spectateur de la série, on ne peut pas s’empêcher de penser qu’elle tape dans le mille ! Et puis, à 25 pages de la fin, la livre prend un virage terrible, complètement inattendu, qui vous laisse presque ébahi devant votre bouquin. Despentes choisi une fin flamboyante et terrifiante que personnellement je n’avais pas vu venir une seule seconde. Le tout dernier chapitre est encore plus surprenant mais là, comment dire… Je devais me retenir de pouffer en lisant, tout en me demandant « Mais qu’est ce que c’est que cette fin ahurissante, à mi-chemin entre la Bible et Barjavel ? ». Pas sur que cette note finale convainc tout le monde, elle pourrait même en faire doucement rigoler beaucoup ! Mais bon, c’est tellement décalé et audacieux que ca fonctionne, étrangement. Cette trilogie, bientôt adaptée à l’écran (on se demande comment retranscrire à l’écran cette ambiance si spéciale), demeure malgré sa fin surréaliste un petit monument de la littérature contemporaine. Il y a dans « Vernon Subutex » tout ce qui fait la France de 2019, surtout pour le pire. C’est d’une noirceur qui sied bien à l’époque, c’est d’un pessimisme parfaitement dans l’air du temps, une sorte de témoignage glaçant d'un peuple qui a perdu pas mal de ses fondamentaux.
Au revoir Vernon !
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