Corentin- 11/12/2022

Incroyable !

« Dans le souffle chaud des explosions, dans l'odeur solennelle du sang et de la poudre, j'étais enfin chez moi. Chaque matin j’appareillais vers la mort dans mon voyage de destruction. Journaliste, je devais raconter avec des mots de ruines, dans une langue inachevée, que les guerres ne sont rien d’autre qu’un peu de bruit sur beaucoup de silence. Un fracas passager quand le silence devient trop insupportable… Un rêve de monde meilleur, même si le rêve est obscène et turbulent. » Paul Marchand était un reporter de guerre français ayant couvert la Guerre civile du Liban et la Guerre de Bosnie, notamment pour Radio-Canada. Dans son premier roman qui porte le nom de sa chanson favorite des Stones, le reporter y raconte son parcours, de ses études de sciences politiques à sa vie dans la ville assiégée de Sarajevo, au début des années 90. Témoignage important d'une guerre fratricide et violente, Paul Marchand est un ponte de la profession. Tête brûlée, intrépide, jusqu'au-boutiste et profondément humaniste, cet écorché vif ne trouvait son bonheur qu'auprès des cadavres qu'il comptait chaque matin. Livre important et admirablement écrit, homme exceptionnel et courageux, guerres trop souvent oubliées, « Sympathie pour le Diable » est une œuvre à ne pas manquer. Son adaptation cinématographique (qui porte uniquement sur la Guerre de Bosnie) par Guillaume de Fontenay, sortie en 2019, vaut également le détour tant la violence de la guerre et la complexité de Marchand sont bien représentées.