Ah, Malaise dans la civilisation de Sigmund Freud, ce texte prétendument magistral, où le père de la psychanalyse, imbu de son propre génie, nous livre une énième démonstration de ses lubies philosophiques et pseudo-scientifiques. Qu’il me soit permis de dire d’emblée : cette œuvre, qui se veut une exploration profonde des tourments de l’humanité moderne, n’est en réalité qu’un assemblage confus et déconcertant d’analyses simplistes, d’hypothèses bancales et de raisonnements tordus. Ex nihilo nihil fit, et Freud, dans ce texte, ne crée rien sinon la répétition ad nauseam de ses obsessions personnelles, déguisées sous une pseudo-philosophie de pacotille.
Freud, cet apôtre de la psychanalyse, semble ici plus que jamais pétri d’une prétention sans bornes. Son projet de démontrer que la culture et la civilisation sont les causes premières de notre mal-être, que la répression de nos pulsions instinctives est à l’origine de la souffrance humaine, est une thèse qui, bien que séduisante à première vue, se révèle rapidement inconsistante et grossièrement réductrice. L’homme moderne serait en conflit perpétuel avec lui-même, déchiré entre ses instincts primordiaux et les exigences de la société. Mais n’est-ce pas là, au fond, une simplification grossière du drame humain, une tentative futile de réduire la complexité de l’âme à un affrontement manichéen entre Eros et Thanatos, entre pulsion de vie et pulsion de mort ? L’homme selon Freud est une bête sauvage enchaînée, éternellement frustrée, et toute avancée culturelle n’est qu’un triste compromis qui le prive de sa vraie nature. Absurdum ad infinitum.
Mais le véritable scandale de ce texte réside dans la superficialité avec laquelle Freud prétend comprendre les fondements de la civilisation. Son analyse historique et sociologique est d’une naïveté stupéfiante, dépourvue de toute rigueur scientifique. Il parle des religions comme de simples illusions consolatrices, balayées d’un revers de main, sans la moindre reconnaissance pour leur rôle fondateur dans l’évolution de la pensée humaine. On croirait lire un athée adolescent en pleine crise existentielle. Certes, il cite les grands systèmes de croyance, mais uniquement pour les réduire à des symptômes d’un malaise psychique collectif, faisant fi de leurs implications philosophiques ou de leur complexité historique. Pour lui, le spirituel n’est qu’une émanation de la névrose humaine, et le lien social est essentiellement une prison pour les instincts sexuels. Là encore, quelle indigence de la pensée ! Freud semble incapable de concevoir une humanité dont les motivations dépasseraient la seule satisfaction de ses pulsions les plus basses. Caveat lector, car ce texte n’est qu’une succession de fausses évidences.
Et que dire de son style ? In litteris magis quam re, dirait-on. Freud s’empêtre dans un verbiage interminable, un bavardage narcissique où chaque page semble écrite dans l’intention de nous rappeler à quel point il est brillant. Cette érudition de surface masque bien mal une pensée erratique, confuse et désespérément répétitive. Ses théories sur la libido, la répression, et l’agressivité sociale ne sont qu’une reformulation pompeuse de ce qu’il a déjà dit mille fois dans ses autres ouvrages, ici déguisé sous un mince vernis de réflexion sociale. En réalité, Freud n’apporte rien de neuf dans Malaise dans la civilisation : il ressasse, il radote, il se complaît dans l’autocitation. Plus d’une fois, on est frappé par la vacuité de ses propos, noyée sous un flot de considérations inutiles et grandiloquentes.
Sed, ce qui achève de condamner ce texte à l’indignité intellectuelle, c’est non seulement le cynisme désespérant de son auteur, mais aussi son ignorance flagrante des dynamiques évolutives qui sous-tendent la survie humaine. En effet, d’un point de vue scientifique, pour ne pas dire éthologique ou évolutionniste; l’idée même que l’humanité soit perpétuellement accablée par une incapacité à surmonter ses pulsions et à gérer ses frustrations est d’une absurdité totale. Si, comme le postule Freud, l’homme moderne était fondamentalement incapable de surmonter ses traumas ou de s’adapter aux contraintes culturelles, comment expliquerions-nous alors les progrès monumentaux de l’humanité à travers les âges ? Nous ne serions pas ici, en tant qu’espèce, si nos ancêtres n’avaient pas acquis la capacité d’évoluer, de se relever après des épreuves incommensurables. L’homme primitif n’a-t-il pas su échapper à la mâchoire du lion pour, ensuite, dompter la nature elle-même ? Il est inscrit dans notre ADN de nous adapter, de nous remettre des plus grands chocs, de transcender les limites de notre condition.
Or, Freud, enfermé dans sa tour d’ivoire intellectuelle, semble avoir complètement oublié cette vérité fondamentale. En nous décrivant comme éternellement prisonniers de nos instincts et impuissants face à la répression imposée par la civilisation, il nie, d’une façon quasi nihiliste, notre capacité intrinsèque à évoluer, à apprendre, à prospérer au sein même des structures sociales. Sa vision pessimiste, empreinte d’un déterminisme morbide, trahit une méconnaissance totale des principes fondamentaux de la biologie évolutionniste, ceux qui ont permis à l’humanité non seulement de survivre, mais de prospérer malgré les contraintes et les dangers.
Freud, dans son obsession pour les conflits internes et les pulsions réprimées, échoue à reconnaître que la culture, loin d’être un carcan oppressif, est précisément ce qui a permis à l’homme de dépasser son animalité et de s’élever à des niveaux de complexité et de conscience qui lui étaient autrefois inaccessibles. En refusant de voir cette capacité d’adaptation et de résilience au cœur de l’histoire humaine, Freud réduit l’homme à une caricature pitoyable de lui-même.
In fine, si Malaise dans la civilisation prétend être une œuvre majeure sur la condition humaine, il n’est en réalité qu’un piège intellectuel pour les crédules et les admirateurs aveugles de la psychanalyse. Freud, sous couvert d’une analyse sociétale, ne fait que recycler ses marottes personnelles, avec une obstination presque pathologique. Quod erat demonstrandum, Freud n’a jamais vraiment compris la civilisation ; il n’a fait que projeter ses propres névroses sur elle.
Autopsie d’un naufrage intellectuel
1aime∙2commentaires
marie aurèle
I ain't reading all that
53 jours
marie aurèle
se baigner dans son propre sperme intellectuel 👍🦌
53 jours
Votre commentaire...
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