Je découvre pour la toute première fois la plume de Colson Whitehead. Si UNDERGROUND RAILROAD a fait beaucoup parlé, NICKEL BOYS va en être de même. Deux Prix Pultizer pour un auteur qui, sans doute, confirme son talent d’orateur.
Basé sur des faits réels comme tant qui ont jalonné cet immense pays, la Nickel Academy est le fleuron d’un ségrégationnisme qui en 1960 fait toujours des ravages. Lisa Parks, Martin Luther King, tout autant de figures qui clament haut et fort les injustices raciales. C’est dans cet esprit là que Elwood Curtis a été élevé. Sa grand-mère, femme dévouée, aimante et d’une honorable justesse, est prête à touts les sacrifices pour le bonheur de son petit fils. Elwood est un jeune homme curieux qui aime apprendre, un peu naïf. Il dévore les livres et les paroles de Martin Luther King dans lesquelles il y trouve beaucoup d’espoir. Rentrer à l’université est son rêve et il aura fallu de peu pour qu’il se réalise. Au mauvais endroit au mauvais moment et sa vie bascule en enfer. Jugé et condamné à intégrer la Nickel Academy, Elwood ne voit que le meilleur. Pourtant sous ce verni qui n’a rien de flamboyant se cache l’horreur, l’humiliation, les coups, les manipulations, les privations et le désespoir. Il y connaît le fouet, les lieux sordides qui anéantissent peu à peu sa lumière. Pourtant il suit les recommandations à la lettre, se plie aux règles, ne créent pas de débordements, malgré cela le pire arrive. Il y fait une rencontre déterminante, une de celles qui marque le corps et l’âme, Turner. Un jeune homme qui ne croit plus en rien, les petites magouilles et la survie sont devenus son quotidien. Le temps s’écoule, morne et destructeur, jusqu’à ce jour fatidique.
Voici une histoire douloureuse et poignante portée par une plume qui ne peut pas laisser indifférente. Une histoire qui déchire l’âme en une multitude de morceaux. Les mots s’écoulent telle une triste réalité exorcisant l’horreur, l’injustice de n’être qu’un noir parmi tant d’autres. Un roman puissant, intense, où les secondes valent une éternité. Un roman court qui vise l’essentiel. Un orateur tourmenté, anéanti qui crie les blessures invisibles, qui hurle et vomit l’indescriptible. Souvenirs souverains au cœur d’une vie qui ne ressemble plus à aucune. Devoir de mémoire qui s’étiole au grès de nouveaux slogans modernes. Au cœur de l’Amérique de Trump, Colson Withehead abat son poing sur la table et joue carte sur table, devenant un porte parole dont ses mots reflètent sa pleine sagesse.
Un roman à découvrir inévitablement et incontestablement.
❤❤❤❤❤
3aiment∙0commentaire
Votre commentaire...
Nickel boys
Colson Whitehead
Romans étrangers
Ohio
Stephen Markley
Apeirogon
Colum McCann
Un livre de martyrs américains
Joyce Carol Oates
Shuggie Bain
Douglas Stuart
Celui qui veille
Louise Erdrich
Le chant des revenants
Jesmyn Ward
Milwaukee blues
Louis-Philippe Dalembert
American rust
Philipp Meyer
L'autre moitié de soi
Brit Bennett
L'ami
Tiffany Tavernier