Chris5867- 30/07/2022

Belle réussite

Depuis quelque temps, des jeunes femmes sont victimes dans Copenhague d’un chauffard qui les écrasent volontairement avant de prendre la fuite. Le point commun des victimes est qu’elles sont toutes bénéficiaires de l’aide sociale, qu’elles ne font rien de leurs 10 doigts et ne rêvent que de futilités, de selfies sur Instagram et de TV réalité. A priori, c’est une affaire criminelle qui ne regarde pas le Département V, dédié au cold cases. Mais cette affaire va venir télescoper le meurtre jamais élucidé d’une jeune institutrice que l’ancien chef de la Police tient à voir ré-ouvrir : du grain à moudre pour l’équipe de Carl Morck, malheureusement amputé de l’infortunée Rose, que les démons du passé viennent tourmenter et qui semble au bord de la rupture psychique. Le 7ème volet des aventures du Département V (dont décidément je ne me lasse pas) tient toutes ses promesses. Pour une fois, c’est par une affaire en cours (et particulièrement bien construite) que Carl, Assad et Gordon vont lever une vielle affaire. Cette enquête d’aujourd’hui met en scène des jeunes femmes inconséquentes, à la bêtise et à la vénalité assez abyssales (immédiatement navrantes et antipathiques, tellement que les voir se faire écraser ne nous brise pas tellement le cœur), elles sont à la limite de la caricature mais... qui sait si cela n’existent pas, des nanas comme ça ? Il suffit de regarder 2 minutes de la TV réalité de W9 pour presque s’en convaincre ! Leur agresseur, dont la psychologie est assez bien décortiquée, se trouve dans une sorte de fuite en avant, tuer devient de plus en plus facile, le syndrome de la toute puissance lui monte dangereusement à la tête. L’intrigue est hyper efficace, assez simple et facile à suivre et c’est toujours un plaisir de côtoyer Carl, Assad et Gordon. L’humour est toujours très présent chez Adler-Olsen, et dans le cas de « Selfies » c’est d’autant plus nécessaire qu’il faut désamorcer l’ambiance que la maladie de Rose impose au roman. Pour le coup, on en apprend enfin beaucoup sur elle, son passé, ses fragilités, ses drames. On la trouvait jusqu’ici délicieusement excentrique, on la découvre bouleversante et on ne la verra plus jamais comme la fantasque Rose légèrement dérangée et cyclotomique. C’est très bien que Jussi Adler-Olsen prenne le temps de creuser enfin ses personnages « secondaires » (on attend le tour du mystérieux Assad pour le roman suivant), lui qui est systématiquement resté évasif et mystérieux sur eux pendant longtemps, nous laissant imaginer tout et son contraire à leur propos. Je l’ai déjà dit mais j’apprécie toujours autant la cohérence de la saga toute entière, d’où l’immense intérêt de les lire dans l’ordre. Le fin du roman est douloureuse, difficile de ne pas avoir le cœur serré (je crois bien que Carl verse une larme !) et d’attendre le tome suivant avec un peu d’appréhension. Les transitions entre les livres sont soignées il ne se passe parfois que quelques jours entre les romans, l’aventure précédente est encore toute fraîche et ses conséquences pas encore digérées quand la nouvelle aventure débute. Cela donne au final une saga hyper cohérente et solide, probablement une des explications à son succès. J’aime vraiment « Selfies » et luis réserve une place d’honneur dans la collection entière du Département V... en attendant la suite !