SudOuest- 12/02/2021

Le monde flottant de l’auteur vous saisit comme jamais.

Dominique Fabre fait partie d’une famille d’écrivains français où l’on trouve notamment des maîtres tels Emmanuel Bove et Patrick Modiano. Depuis 1995 et « Moi aussi un jour, j’irai loin », on ne rate aucun de ses livres. Certain d’y retrouver un climat mélancolique et poignant, une petite musique lancinante. « Aujourd’hui », le dernier en date est du pur Fabre. Le voici arpentant à nouveau un territoire bien connu de ses lecteurs. Pour se rendre à Bécon-les-Bruyères jadis si bien chanté par l’auteur de « Mes amis », on peut prendre le train à la gare Saint-Lazare et traverser la Seine. Autour, il y a la Défense, Asnières et Courbevoie. Adolescence banlieusarde. Le narrateur a grandi à Bécon. Le voici à la recherche d’un temps perdu et d’un camarade de son adolescence banlieusarde. Ce Fabrice qui a été touché par une crise cardiaque et ne sort plus guère de chez lui. Il se dit persuadé qu’il a raté son existence, que les smartphones sont en train « de griller nos cervelles ». Le narrateur de Dominique Fabre, lui, est un homme en creux qui ne cache pas qu’il se « dilapide rapidement », qu’il aime rôder, être inoccupé. Le Bécon d’aujourd’hui où il flâne est resté fantomatique, avec ses squares vides. Même si l’on n’y trouve plus d’hôtel avec des chambres au mois, si les cafés ont presque tous été repris par des Chinois. La vie a passé lentement avec son lot de blessures, de ratés. Les histoires d’amour reviennent à la mémoire. Avec Hélène, qui prétendait détester la banlieue ouest, ils étaient très amoureux les premières an- nées. Puis ils se sont mariés, ont divorcé... C’est fou, toutes ces choses qui restent gravées en soi. Les lieux, les ambiances et les êtres. Le monde flottant de Dominique Fabre vous saisit ici comme jamais.